Titre original : Magic Mike
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Steven Soderbergh
Distribution : Channing Tatum, Alex Pettyfer, Matthew McConaughey, Joe Manganiello, Matt Bomer, Cody Horn, Olivia Munn, Riley Keough, Kevin Nash, Adam Rodriguez, Gabriel Iglesias, James Martin Kelly, Denise Vasi, Betsy Brandt…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 15 août 2012
Le Pitch :
Magic Mike n’est pas un magicien comme les autres. Contrairement à David Copperfield, Mike ne fait disparaître que ses fringues et sa baguette magique est toujours de la partie. En fait, Mike est stripteaseur. Avec ses collègues, il égaye les soirées des filles de Tampa en Floride et nourrit parallèlement des projets professionnels ambitieux.
Un jour, il fait la connaissance d’Adam, un jeune homme un peu paumé, qu’il décide de prendre sous son aile. Adam, qui a une sœur qui ne laisse pas Mike indifférent…
La Critique :
À première vue, Magic Mike, le dernier film de l’hyperactif Soderbergh (Piégée, son thriller martial n’est sorti que le mois dernier) ne partait pas spécialement gagnant. Précédé d’une bande-annonce racoleuse destinée à chatouiller les hormones du public féminin, le film est de plus illustré par une affiche qui n’a pour but que de souligner la plastique des acteurs qui composent le casting.
À l’arrivée, non seulement Magic Mike n’est pas exclusivement réservé aux filles, mais il s’impose carrément comme l’un des meilleurs films de son réalisateur.
Avec Magic Mike, Soderbergh convoque les souvenirs de jeunesse de Channing Tatum, qui est notamment connu pour avoir officié sur les scènes des clubs de striptease de Tampa en Floride (ça tombe bien, car c’est là aussi que se déroule l’intrigue du film). Sans être autobiographique, le long-métrage se nourrit de l’expérience d’un comédien qui renfile pour le coup les frusques du danseur et qui ne devrait pas laisser de marbre une large partie du public féminin. Tatum se lance corps et âme dans son rôle. Il danse bien, est cool, drôle et charmeur. Le petit truc en plus, c’est qu’il n’est pas seulement bon danseur, cool, drôle et charmeur. Dans la continuité de ses derniers rôles, qui ont révélé chez lui un vrai talent d’acteur, Tatum brille aussi lorsqu’il n’enlève pas ses fringues. De quoi donner un supplément d’âme à une œuvre qui, à priori, n’en promettait pas tant.
Ne pas se fier aux apparences ! C’est la leçon qu’il faut tirer des performances que livrent les comédiens du film. Et si Tatum assure, on se doit de souligner l’excellente prestation de Matthew McConaughey, assez incroyable dans un rôle qui lui permet de se montrer à moitié à poil certes, mais qui offre aussi une palette pour le moins admirable. Chef d’entreprise impitoyable, lubrique et un poil siphonné, McConaughey est parfait. Comme Alex Pettyfer (le Numéro 4 du film du même nom), qui prouve qu’il peut jouer la comédie quand on lui en donne la possibilité, ou encore à l’image de Kevin Nash, l’ancien catcheur de la WWE, qui ne manquera pas de laisser ses fans et ceux qui ont pu le voir lutter sur le cul (ce mec est véritablement bon dans le contre-emploi). Les stripteaseurs qui entourent Magic Mike sont ainsi tous très inspirés. Côté actrices, la distribution aussi est aux petits oignons, Cody Horn en tête.
Tous sont tout à fait raccords avec l’ambiance et les intentions d’un réalisateur qui filme des mecs chauds bouillants, sans pour autant laisser de côté ses prétentions d’auteur.
Des prétentions qui peuvent un peu plomber l’ambiance. Surtout quand Soderbergh fait baisser la tension en s’intéressant à ces petits moments de la vie qui font traits-d’union. Parfois ça marche, notamment pour la scène de la plage, où Mike et ses potes boivent des mojitos avec quelques-unes de leurs admiratrices, mais parfois ça pédale un peu. Des petites scènes qui trahissent le côté prétentieux du cinéma de Soderbergh, qui ne recule jamais devant quelques effets de mise en scène pour insuffler sa patte à son œuvre. C’est louable, mais des fois, ça ne sonne tout simplement pas.
C’est comme ce filtre jaune, utilisé pour toutes les séances qui ne se déroulent pas dans la club de striptease. Le cinéma de Soderbergh est particulier. On accroche ou pas, mais le truc, c’est qu’au bout d’un moment, ses films finissent un peu trop par se ressembler. On pense ici notamment à Traffic et ses filtres de toutes les couleurs, ou encore au récent Piégée,qui partage un certain cachet avec Magic Mike. Peut-être Soderbergh manque-t-il un peu de recul, lui qui collectionne les casquettes sur les tournages. Sur Magic Mike, il est ainsi crédité à la réalisation, au montage et à la photographie.
Pour autant, pas de quoi gâcher son plaisir. Magic Mike est bien un film de Soderbergh. On s’en aperçoit dès les premières scènes. Son découpage, sa façon de filmer, tout est là pour nous rappeler que nous n’avons pas affaire à une resucée de Sexy Dance. Magic Mike rappelle même parfois un tout petit peu le chef-d’œuvre de Paul Thomas Anderson, Boogie Nights. Les deux œuvres partagent ce désir de pénétrer les arcanes d’un milieu obscur, sujet à bien des fantasmes et autres préjugés.
Magic Mike ne juge pas ses protagonistes et se contente de raconter une histoire. Une histoire qui lorgne vers la success story, la love story et la buddy story (film de potes), sans perdre de vue les émotions et les ressentis qui en font tout le sel. Même si on se demande parfois où le métrage veut en venir, ce n’est pas gênant. C’est drôle, pas cynique pour deux sous, audacieux et globalement passionnant. Que vous soyez un homme qui aime les femmes, une femme qui aime les hommes, un homme qui aime les hommes ou une femme qui aime les femmes. Sans éviter les éternels clichés, Soderbergh arrive à emballer son film avec fougue, arrose le tout d’une b.o. tout à fait appropriée (avec de vrais morceaux de Kiss dedans) et bénéficie de l’énergie d’acteurs, qui croient visiblement au projet.
Ce n’était pas gagné d’avance et c’est aussi pour ça que Magic Mike mérite largement le détour.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Iron Horse