Elles vivaient cachées, on ne sait pas trop pourquoi, chacune dans un tonneau, à l’étroit. Un peu comme ces personnages de Lutz Bassmann ou de Manuela Draeger. Pas étonnant qu’on retrouve dans le texte les accents de Maria Soudaieva, autre auteur post-exotique que diffuse Antoine Volodine. Mais d’où sortent-elles ? D’un monde où l’humanité a presque disparu. Les morts sont nombreux sous et sur cette terre où que je regarde, où que je place le cadre, ceux qui ont été tués, enterrés à la va-vite, oubliés. Le titre du spectacle est celui d’un poème de Mahmoud Darwich où l’on peut lire :
Ils ont ouvert la porte de ma cellule et je me suis écroulé sur le jour.
Ma foulée est courte, blanches blanches sont les distances et la porte est un fleuve.
Pourquoi élève-t-on les prisons au bord du fleuve dans un pays qui se languit de l'eau ?
Ils ont ouvert la porte de ma cellule et je suis sorti.
J'ai trouvé un chemin et je l'ai pris.
Où aller ?
Les deux femmes sont dans cet état, découvrent l’eau, le vin, et retrouvent les oubliés, qu’ils soient de Palestine ou d’ailleurs, de toutes ces guerres dont les années qui passent font saigner la terre. Et les morts nous regardent et nous disent : rappelle-toi mon nom,
En mon nom, poursuis ton chant
Et ne pleure pas, l'ami, un air perdu dans les souterrains.
C'est une chanson,
Une chanson !
C'est un spectacle de la Compagnie Smash Théâtre, La Terre nous est étroite