Certains croyaient bien faire, en précisant à la suite du récent avis du Conseil Constitutionnel, que le gouvernement Ayrault
devrait penser à plafonner l'ISF l'an prochain. La nouvelle était symbolique et franchement anecdotique.
Mais il y avait plus grave, les impôts rentraient mal, très mal.
D'autres s'escrimaient à motiver leurs troupes sur un agenda syrien.
Mais il y avait plus grave, la crise était là, pire que prévue.
L'opposition ?
François Hollande approchait ses 100 jours à l'Elysée, un échelon plus important pour les sondeurs et les commentateurs que
pour la vie réelle.
François Fillon avait cru bien faire. Lundi, une large tribune dans le Figaro lui permettait d'espérer revenir dans
l'actualité, deux semaines après son accident de scooter. Il avait dû quitter la villa du millionnaire propriétaire des lieux. Nicolas Sarkozy s'était ensuite invité dans l'affaire syrienne, par
une intervention publique, incompréhensible et sans suite dont il avait le secret.
Ce lundi, Fillon voulait célébrer à sa façon les 100 premiers jours du quinquennat Hollande. Il réclamait à ce dernier du «
courage » en n'évoquant que la
politique extérieure. Il tapait trop tard, et à côté des vrais sujets du moment: la crise.
L'UMP était encore convalescente. Faute de contre-propositions, elle avait choisi d'attaquer Hollande sur son caractère. A
Amiens, une nuit d'émeutes rappelait à tous que la crise n'était pas qu'une affaire de notation
et de ratios financiers.
Solidarité ?
Le Figaro l'avait noté: « L'an dernier, le
gouvernement Fillon avait en effet considérablement réduit le montant de l'ISF, en relevant son seuil de déclenchement à 1,3 million d'euros de patrimoine et en abaissant son
barème.»
L'UMP en avait fait son cheval de bataille. Le relèvement de l'ISF, par le biais d'une contribution exceptionnelle qui devait
rapporter quelque 2,3 milliards d'euros supplémentaires cette année dans les caisses de l'Etat était jugé confiscatoire par le parti de l'ancien Président des Riches. A tel point qu'ils en
avaient réclamé la censure auprès du Conseil Constitutionnel. Vendredi 10 août, ce dernier n'avait pas suivi les plaintifs. Mais il a prévenu que la contribution exceptionnelle devrait rester ...
exceptionnelle («Une telle orientation serait inconstitutionnelle pour une imposition permanente du patrimoine»). Et de préciser: pour pour «éviter une rupture caractérisée de
l'égalité devant les charges publiques (…), le législateur a, depuis la création de cet impôt, inclus (…) des règles de plafonnement».
De quoi en réjouir certains. Ou pas. Il ne reste qu'à refondre cette fiscalité-là lors de la prochaine loi de
finances.
Recettes fiscales en berne
«Budget : à mi-année, les
recettes de TVA et d'impôt sur les sociétés sont en baisse » relevaient les Echos, lundi 13 août.
A fin juin, les rentrées de TVA sont en légère baisse par rapport au premier semestre 2011, -0,3 %, à 66 milliards
d'euros; celles d'IS net fléchissent plus durement, de 1,1 % par rapport à la même période de 2011, à 18 milliards.
Enfin, « les recettes des taxes sur l'essence (TICPE) sont en baisse de 3,6 % à mi-année» , à un peu moins de 7
milliards d'euros. Le ministre
Moscovici a quand même promis des mesures contre la hausse des carburants pour la fin août. Hollande, quand il était candidat, avait annoncé un blocage en cas d'inflation, une mesure
contestée par son rival d'alors.
Reste l'impôt sur le revenu, qui progresse de 6% sur le semestre, mais est attendu à +16% sur l'année.
Croissance nulle
L'INSEE, le lendemain, conservait une croissance nulle pour le second trimestre - permettant d'éviter à la France
d'entrer officiellement en récession. « La faiblesse de la croissance en 2012 ne s’explique pas par les échanges extérieurs, puisque l’acquis de la contribution de nos échanges
extérieurs est positif (+0,3) » commentait Karine
Berger, députée socialiste. « Il provient du le repli de la demande intérieure hors stock (acquis 2012 : -0,6%). Contrairement à ce que répète la droite libérale, c’est bien la politique
menée par le gouvernement précédent qui est au coeur des difficultés actuelles. »
Mince satisfaction !
D'après la DARES
(ministère du travail), l'économie française a recommencé à détruire des emplois, 11.700 emplois en moins soit -0,1%, principalement à cause de l'intérim (-20.000 postes). On se souvient qu'en
2008, la dégradation de l'emploi intérimaire avait précédé de quelques mois l'effondrement général.
Globalement, il était aussi confirmé le même jour, par Eurostat, que la zone euro était bel et
bien en récession: Allemagne +0,3%; France: 0%; Grèce: -6,2%; Autriche ; Finlande et Italie -0,7%; Espagne: -0,4%; Portugal: 1,2%...
Pour ses cent
premiers jours, François Hollande ne pouvait rêver pire.