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“Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare” de Lorene Scafaria

Publié le 15 août 2012 par Boustoune

Que feriez-vous si vous appreniez que la fin du monde était imminente?
Conserveriez-vous votre routine quotidienne, comme si de rien n’était? Ou bien profiteriez-vous des quelques jours qu’il vous reste à vivre pour multiplier les excès en tout genre – alcool, drogues, sexe et expériences extrêmes? Resteriez-vous auprès de vos proches et des gens qui vous aiment ou bien profiteriez-vous de l’occasion pour tout plaquer et faire d’autres rencontres?

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Ces questions, les personnages de Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare sont bien obligés de se la poser. Dès les premières secondes du film, ils apprennent que l’humanité est condamnée à disparaître. Un astéroïde gigantesque se dirige droit vers la Terre. La mission spatiale chargée de le détruire ou le détourner de sa cible a échoué et l’impact, programmé dans environ trois semaines, va à coup sûr faire exploser notre planète bleue…
Immédiatement, la femme de Dodge (Steve Carell) le plaque sans préavis, pour courir dans les bras de son amant. Hors de question pour elle de continuer ce simulacre de vie de couple alors que l’apocalypse est proche. Après des années d’ennui, elle veut profiter pleinement du peu qui lui reste à vivre. Dodge, lui, est un peu sonné. Il n’a pas senti le coup venir. Avant de gérer la fin du monde, il doit déjà gérer la fin brutale de cette relation, et ses échecs sentimentaux passés, qu’il ne peut s’empêcher de ressasser.
Hagard, déprimé, il cherche à conserver sa petite routine pour s’occuper l’esprit, se plonger dans le travail pour oublier cette déception. Le hic, c’est que son job consiste à démarcher des clients pour leur vendre des assurances multi-risques. Et vu les circonstances, la démarche semble assez absurde. D’ailleurs, les les bureaux sont quasi-déserts et ceux qui continuent de venir ont l’air d’avoir sombré dans la folie…
Pas le choix, il doit rester chez lui à se morfondre et tenter de trouver une occupation pour les derniers jours. Il n’a pas d’enfants, pas de famille, juste quelques amis qui essaient de le réconforter en cherchant à le caser avec une grande gigue que la fin du monde a rendu nymphomane. Rien n’y fait. Dodge se replie sur lui-même.

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Un soir, il surprend sa voisine du dessus, Penny (Keira Knightley), en train de pleurer devant sa fenêtre. La jeune femme s’en veut d’être restée aux Etats-Unis pour une énième relation médiocre avec un garçon non moins médiocre, plutôt que d’avoir rejoint sa famille en Angleterre. Désormais, il n’y a plus de circulation aérienne et plus de vol prévu pour l’Europe. Dodge l’invite chez lui, la réconforte. La jeune femme profite de l’occasion pour lui rapporter tout le courrier qui lui était adressé et que le facteur avait glissé dans la mauvaise boîte. Dans le tas, Dodge découvre une lettre de son premier amour, Olivia, dans laquelle cette dernière lui écrit qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer et que leur rupture était une erreur.

Dodge a trouvé ce qu’il devait faire des derniers jours de son existence : retrouver Olivia.
Il propose un marché à Penny. Elle l’aide à rejoindre son premier amour, et en échange, il lui présente une personne capable de lui faire traverser l’Atlantique pour qu’elle puisse retrouver les siens…
C’est le début d’un voyage mouvementé où les choses ne vont pas tout à fait se dérouler comme prévu…

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Ceux qui ont vu Les derniers jours du monde, film des frères Larrieu dans lequel Mathieu Amalric traversait une Europe au bord de l’Apocalypse pour retrouver son Grand Amour, ne seront pas décontenancés par le premier long-métrage de Lorene Scafaria tant les deux films présentent des points communs… Même approche intimiste de l’apocalypse, mêmes péripéties surprenantes, même ambiance à la fois douce et triste… 
Dans les deux récits, les personnages entendent profiter pleinement des derniers jours qu’il leur reste à vivre, soit en s’adonnant à tous les plaisirs, tous les vices, soit en (re)trouvant l’âme soeur. On croise des adeptes de l’échangisme, des partouzeurs, des nymphomanes, des fêtards invétérés, dans une ambiance farfelue qui tranche avec le côté tragique de la catastrophe annoncée.  Et on croise des personnes un peu plus inquiétantes, suicidaires ou gagnées par la folie…

Oh, évidemment, Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare ne va pas aussi loin que le film des frères Larrieu, que ce soit au niveau érotisme ou climat anxiogène. On reste quand même dans un film destiné à un large public et le principe demeure celui d’une comédie romantique conventionnelle – deux personnages que tout semble opposer sont obligés de cohabiter et finissent par tomber dans les bras l’un de l’autre…
Cela dit, les sujets abordés sont quand même assez inhabituels au regard de ce que propose habituellement le cinéma américain. Et il en va de même pour la tonalité générale du film, très amère. Pour une fois, pas de happy-end possible. On sait parfaitement ce qui va se passer. Pas de Bruce Willis et de Ben Affleck pour sauver le monde, tout le monde va mourir à la fin et les spectateurs pourront, au choix, sortir les mouchoirs ou ressortir de la salle avec une boule dans la gorge.Et en même temps, on ressent  une sensation d’apaisement, de douceur…

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  Tout le film est traversé de ce paradoxe. On passe aisément du rire au larmes, au gré d’une narration qui ménage de nombreuses ruptures de ton, s’aventurant aussi bien sur la route toute tracée de la comédie romantique à l’eau de rose que sur les sentiers plus escarpés de la comédie grinçante ou les chemins de traverse du mélodrame…
Cela fonctionne parfaitement parce que la réalisatrice a eu la bonne idée de se focaliser sur ses deux personnages principaux et l’évolution de leur relation, de plus en plus forte à mesure que leur espérance de vie s’amenuise. Et qu’elle a confié les rôles à deux acteurs attachants, Steve Carell et Keira Knightley.
Tous deux évoluent dans leur registre de prédilection. Lui, en garçon timide et dépressif, trop sage et trop introverti, mais ne demandant qu’à exprimer son charme et sa gentillesse, à l’instar de James Stewart dans les comédies d’antan. Elle, en jeune femme lunaire et romantique, un brin naïve,  en quête d’une stabilité affective que tout mâle hétéro normalement constitué aurait immédiatement envie de lui apporter (d’autant qu’elle n’a jamais été aussi désirable qu’ici…).

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Grâce à eux, grâce à cette ambiance particulière que parvient à mettre en place la cinéaste – par ailleurs scénariste du sympathique Une nuit à New York – on passe un bon moment devant Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare, qui constitue une agréable surprise au coeur de l’été cinématographique.
Maintenant, espérons que les Mayas se sont gourés, que la fin du monde n’est pas imminente et qu’il nous reste encore de nombreuses années pour découvrir de jolis petits films comme celui-ci. Sinon, nous n’aurons plus qu’à courir nous blottir dans les bras, au choix, de Steve Carell ou de Keira Knightley (mon choix est fait!) pour en finir en douceur…

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Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare
Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare
Seeking a friend for the end of the world

Réalisatrice : Lorene Scafaria 
Avec : Steve Carell, Keira Knightley, Martin Sheen, Melanie Lynskey, Adam Brody, Derek Luke,
Origine : Etats-Unis
Genre : sweet apocalypse
Durée : 1h40

Date de sortie France : 08/08/2012
Note pour ce film :

contrepoint critique chez : Critikat
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