Samedi 11 août, un jeune homme d’Amiens de vingt ans s’est tué en moto. Le lendemain, plusieurs policiers de la BAC contrôlent un des jeunes du quartier. J’ai entr’aperçu sur Canal+ un bref sujet que j’ai vainement cherché sur les chaînes nationales mais retrouvé ensuite sur iTélé. Vous pouvez visionner cet extrait ici. La vidéo à laquelle je fais référence est la dernière de l’article, précédée du titre « Que s'est-il réellement passé à Amiens ? »
Dans cette vidéo, on voit un jeune, Youssef el-Djilali, raconter le déroulement de ce contrôle : « le papa du défunt arrive et leur dit : ‟s’il vous plaît, laissez-nous tranquilles parce qu’on est en deuil‟. Il [un policier] voit que c’est la famille du défunt qu’il connaissait, il lui dit : ‟il est où, ton Lucky Luke ?‟. Le papa du défunt commence à s’énerver un p’tit peu. Il lui dit : ‟ tu vois, si tu veux l’voir, va au cimetière, va’l trouver là-bas‟ ».
Rapidement le ton monte. La BAC appelle des renforts qui utilisent grenades lacrymogènes et flash-ballset c’est ainsi qu’une violence incontrôlable se déchaîne. Manuel Valls vient sur les lieux, prononce des paroles de fermeté et déclare qu’une enquête sera conduite. Un des éléments de cette situation me semble être ce que dénonce dans la vidéo en question un habitant du quartier : « sur 400 flics, il y a quatre ou cinq pourris ». Malheureusement, les infortunés policiers victimes du devoir sont utilisés pour ignorer les rares brebis galeuses qui déshonorent leur uniforme.
Depuis son entrée en fonction, notre ministre de l’Intérieur se montre soucieux d’apporter un soutien inconditionnel à la police. La lutte contre les contrôles au faciès a été écartée, sans même que d’éventuelles solutions aient été examinées, et tout est occasion à venir rendre visite à des policiers. Notre président de la République n’est pas en reste, qui honore à retardement deux jeunes gendarmes assassinées par des voyous.
Tout ceci me rappelle les premières semaines de la présidencede François Mitterrand. Je ne me souviens plus exactement des faits qui m’avaient conduit à cette réflexion, mais j’avais eu alors le sentiment que Mitterrand s’employait à s’attirer les bonnes grâces de l’armée, comme pour se prémunir contre un coup d’État militaire à l’image de celui qui planait sur nos têtes lors de la crise de 1958 ou lors du putsch d’Alger en 1961.
J’en viens à me demander si l’on ne cajole pas présentement nos forcesde police pour pouvoir s’appuyer sur elles au cas où la dégradation de la situation économique ferait surgir de nouvelles émeutes.