Prière de l’Eglise pour 15 Août : oui, les chrétiens font de la politique

L’Assomption de la Vierge, église de Prades, Copyright Vivien Hoch, itinerarium

La prière des Évêques de France, pour la France, la famille et l’Eglise, fait polémique, parce qu’elle rappelle simplement, comme elle le fait depuis 2000 ans, qu’une famille saine et sereine est bâtie sur un homme et une femme, et que les responsables politiques doivent penser au bien commun avant de penser aux diverses corporations ou lobby.  Sur les parvis, les journalistes assaillent les fidèles de questions sur le “mariage” gay, plutôt que sur le mystère qu’ils célèbrent en grande masse. Ce matin, sur France inter, Mgr de Moulin-Beaufort, Évêque auxilliaire de Paris, répond aux interrogations pressantes du journaliste. Cela vaut le coup d’être écouté. Mais ce n’est un “scoop pour personne que l’Eglise est contre le mariage gay“, déclarait déjà Mgr Podvin.

Les “chrétiens” offusqués préfèreraient rester dans leur trou. Le curé de la paroisse Saint Merri à Paris estime que la messe du 15 août se trouve détournée de sa véritable fonction.“Pourquoi cette initiative maintenant alors que l’actualité n’est pas là-dessus. Comment voulez-vous que les chrétiens reçoivent ça ? On se sert d’eux pour envoyer un message en dehors de l’Eglise. Est-ce que la messe du 15 août est le lieu pour faire de la propagande vis-à-vis des hommes politiques ?”, s’est interrogé mardi Jacques Mérienne, sur France Inter. On ne saurait faire mieux dans l’incompréhension radicale du geste salutaire des Évêques. Qu’un curé se rappelle de l’humilité, grande vertu chrétienne, ne ferait de mal à personne.

❝ Une grande partie du message chrétien a des implications politiques. Il est dorénavant impossible de se le cacher, ni d’en avoir peur. Soyons clair : comme toute autre organisation, l’Eglise a le droit de participer au débat démocratique❞

Saluons le courage des Évêques de France, et affirme-le clairement : oui, cette prière a des implications politiques. Une grande partie du message chrétien a des implications politiques. Il est dorénavant impossible de se le cacher, ni d’en avoir peur. Soyons clair : comme toute autre organisation, l’Eglise a le droit de participer au débat démocratique. Il s’agit de faire fond sur une laïcité bien comprise : la laïcité de proposition, qui laisse la liberté de conscience à chacun et à chacune dans le champ démocratique, face à une laïcité plus aggressive de différenciation ou d’opposition (voir sur ce point les travaux d’Olivier Bobineau).

Le comportement des catholiques dans la vie politique est clarifié dans une note de la Congrégation pour la foi de 2002 (1) : au-delà du fait que l’engagement des chrétiens en politique n’est pas une option, le document stipule que  ”la laïcité est comprise comme autonomie de la sphère civile et politique par rapport aux autorité ecclesiastique – mais pas par rapport à la sphère morale.“

En d’autres termes, l’Eglise a son mot à dire. Et elle ne se privera pas de le dire, quelles que soit la teneur ou l’abondance des glaires qu’on lui crache au visage (2). Que ce soit devant Dieu, une caméra ou un micro.

(1) Voir : Philippe Darantière, Pour une action politique catholique selon la doctrine sociale de Benoit XVI, éd. de Paris, 2005

(2) Exemple, ce twitt du journaliste de RTL J-M Apathie, qui en dit long sur le regard que la bienpensance médiatique exerce sur les catholiques :

Opposée au mariage #gay, l’Église de #France semble cultiver avec plaisir une image vieillote ringarde. Étonnant, non?

— jean-michel aphatie (@jmaphatie) Août 15, 2012