Tout commence par la découverte du corps sans vie de Magnifico Arturo, retrouvé dans sa cuisine la tête dans un sac en plastique. Détail intriguant : trois poissons rouges morts se trouvent près du défunt alors que celui-ci était allergique aux poissons. Tandis que les carabiniers chargés de l’enquête ne semblent pas donner beaucoup d’importance à cette affaire, l’inspectrice Grazia Negro a l’impression que ce meurtre a quelque chose de louche. Contre l’avis de ses supérieurs, elle demande au commissaire Salvo Montalbano de l’aider à résoudre cette affaire. Mais, étant chacun à une extrémité de l’Italie, les contacts, pour rester discrets, ne peuvent se faire que par la voie postale. Voici donc nos deux enquêteurs non autorisés contraints de trouver mille astuces pour s’échanger leurs dernières découvertes dans les plus brefs délais.
Plusieurs éléments sont à épingler concernant Meurtre aux poissons rouges.
Il y a d’abord l’histoire, surprenante (on se demande quel lien peut bien exister entre ce meurtre et des poissons rouges) et digne des plus grands policiers. Les services secrets qui éliminent les fouineurs, un témoin clé qui disparait, des références à la mafia italienne, une tueuse super sexy, des rebondissements, tout est fait pour que le lecteur ne s’ennuie pas et c’est réussi !
Et puis, il y a la forme : un roman épistolaire. Très rare dans le récit policier, il peut ici être envisagé à deux niveaux. D’une part parce que ce style sert le texte : les enquêteurs s’envoient des photos, des coupures de presses, des rapports d’autopsie et autres compte rendu d’interrogatoires. Cela rend l’histoire d’autant plus prenante que le lecteur est pleinement associé à l’enquête, il reçoit les informations en même temps que les protagonistes et peut donc se faire une opinion, poser des hypothèses... Jusqu’à la présence de codes chiffrés que le lecteur doit décrypter (et dont la solution n’est pas dans le livre J !). D’autre part, la note de l’éditeur nous apprend que le roman a lui-même été écrit sur un mode épistolaire. En effet, les auteurs Camilleri et Lucarelli, aux agendas trop chargés que pour pouvoir se rencontrer régulièrement, ont construit l’histoire au fil de leur correspondance, en mettant en place une sorte de bataille à celui qui déstabilisera le plus l’autre.
Les références à des faits réels passés sont nombreuses, ce qui rend le récit encore plus probable. Les amateurs de ces auteurs italiens retrouveront avec plaisir les héros qu’ils connaissent déjà : le commissaire Montalbano, au centre de nombreuses enquêtes de Camilleri et l’inspectrice Negro à laquelle Lucarelli a consacré une série de romans.
Né d’une rencontre entre les deux auteurs et réalisé par courriers interposés, Meurtre aux poissons rouges est un roman ludique, qui met le lecteur dans la position de l’enquêteur, et que l’on imagine bien adapté à l’écran. Seul petit bémol : l’histoire est trop courte. On en veut encore !
Découvrez les premières pages de ce roman.
Meurtre aux poissons rouges – Andrea Camilleri & Carlo Lucarelli – Editions Fleuve Noir – 2011