Dans la salle, famille et amis étaient venus les soutenir. Les tanties ont sorti les grands boubous et les grands maxi tandis que les tontons ont rafraîchi les vestes dont ils sont le plus fiers: larges - deux fois leur taille - avec un cintre au niveau des épaules de préférence. Les salons de coiffure du quartier ont visiblement bossé dur le matin même pour rivaliser de créativité et de couleurs de mèches pour dresser des coiffures impressionnantes sur la tête de leurs clientes. Certains tonton ont renoué avec le fameux "yomo bégua*" dans leurs cheveux pour être au top sur les photos. Bref! Tout le monde était plus que zongo*!
Côté ambiance, par moments on se croyait dans une salle de concert. Les fanclubs rivalisaient dans les cris de soutien. On a entendu une floppé de "youyouyou", de "yééééééééééhhh", de "aaahhhhhh" et autres cris indescriptibles. On a été servi en cris d'encouragement comme "Dominique! Dominique! Dominique!" Et ça allait crescendo avec des variantes du style " Domi! Domi! Domi!" ou encore "Do-Do! Do-Do! Do-Do! ..." A ce stade là, le fanclub était en plein délire. Les tissages s'envolaient, les lolos sautillaient, les ahoulaba dandinnaient... Bref, tout un folklore!Un autre groupe était venu avec des tam-tams pour mettre l'ambiance, moins un et c'était toute la fanfare de la sous-préfecture de Voueboufla qui débarquait. Le service d'ordre a dû intervenir pour calmer les esprits et demander un peu de sérieux pour laisser la parole au DG.
Le problème c'est que les gens n'étaient pas conditionnés pour écouter un long discours avec gros-gros français. Après tant d'énergie dépensé dans les encouragements, les ventres se sont creusés, l'attention faiblissait, les têtes s'inclinaient légèrement vers le buffet, j'ai compris que les gars faisaient du repérage. Les regards en disaient long. Il y en a un, qui avait l'air de compter le nombre de personnes qu'il devrait devancer, il jaugeait la distance, s'est mis en position départ, attendant le moment où on va siffler péééé! Une autre, repérait les plats auxquels elle allait s'attaquer.
Le DG a senti que ce n'était pas la peine d'insister, il a mit point à sa parole. L'audience commençait à gigoter. Ventre qui a faim n'a point d'oreilles !
Découragé, le DG a donné les médailles au personnel méritant. Ceux-ci ont eu leurs félicitations et puis on a ouvert les hostilités, c'est-à-dire, la bectance*!
Les hommes et les femmes qui faisaient bonne impression au départ, ont muté en fauves affamés. Les hommes n'ont même pas cherché à être galants, c'était chacun pour soi.
Mais le last, c'était quand le clan des bobarabas a dédja les sachets noirs!!!!!
L'arme du crime
(à suivre...)*yomo bégua: une teinture noire (très noire d'ailleurs) pour cheveux, originaire du ghana.
*zongo: bien habillé
*la bectance: le repas