Vierge, souvenez-vous de l’instant où vos yeux
Ont vu la pauvre étoile humaine disparaître !
– Vous aviez dépassé les confins de nos cieux ;
Vous abordiez l’éther sans êtres.
Les astres, sous vos pieds, semaient des roses d’or ;
À se sentir plus près des hauteurs éternelles,
Les anges dont le vol secondait votre essor
Battaient plus largement des ailes !
Comme elle apparaissait, pâle et triste, là-bas,
La lueur de la terre au fond de l’étendue !
Cependant vos regards ne se détournaient pas
De cette planète perdue :
C’était le monde où l’homme naît, où l’homme meurt !
Vous aviez vécu là parmi ceux qui respirent,
Vous aviez partagé leurs travaux et leurs pleurs,
Leurs tendresses et leurs sourires.
Et voici qu’oubliant, un instant, les splendeurs
Du trône que l’Époux a dressé pour vos charmes,
Vous avez salué le pays des douleurs
De la dernière de vos larmes !
Mère, souvenez-vous de ce suprême adieu :
Des sommets de la gloire où vous siégez, ô Reine,
Abaissez quelquefois la pitié de vos yeux
Sur notre pauvre étoile humaine !
Louis MERCIER (1870-1935).
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