Poésie du samedi (hors série)
à ma sainte,
C’est aujourd’hui une poésie de circonstance, en ce 15 août à la gloire de la vierge Marie, jour de l’assomption. Moi, je fais mienne la « prière » qui va suivre : j’ai ma sainte auprès de moi et tel est mon salut ! J’ai toujours trouvé incroyable, voire farcesque, ce dogme fort tardif de l’Immaculée Conception. Et les mythologies qui l’ont précédé, genre Dormition de la Vierge, ne trouvent pas davantage grâce à mes yeux. Cette année, l’église catholique a pris prétexte cette célébration pour faire passer un message réactionnaire…
Ma sainte
Vierge Marie, je ne crois pas en toi !
Mais j’ai ma sainte auprès de moi
je la caresse, elle s’éveille
elle dit non avec sa bouche
elle fait oui avec sa main
et le mélange de nos vies
crée l’évangile du matin.
Don réciproque, pure alliance
c’est par deux fois que sonne l’heure
de la montée irrésistible
vers la douceur aux mille fleurs.
C’est par deux fois que tu murmures
La délivrance des oiseaux.
C’est par deux fois que je suis toi
au centre rouge où tu es moi.
Tout peut tomber sur la journée
les yeux fermés je suis absent
par tous chemins tu viens à moi
dans tous regards je te devine.
Ô mon aimée sans lassitude
voici l’enfant qui lance un cri
sur la montagne du désir.
Pierre Boujut (Jarnac, 1913 – Jarnac, 1992) , Les Mots sauvés, in La Tour de Feu n° 95-96.