Cela fait plus de 30 ans que l’esclavage a été aboli dans le monde, le dernier pays à l’avoir fait est la Mauritanie. Pourtant l’exploitation des humains ne s’est pas arrêtée, il existe maintenant ce qu’on appelle « l’esclavage moderne », qui se déploie sous différentes formes dont les principales sont la prostitution forcée (que ce soit des femmes, des enfants ou même des hommes), le travail des enfants et le travail forcé.
A ce jour, l’ONU recense entre 200 (millions) et 250 millions d’esclaves adultes, sans oublier les 250 millions d’enfants de 5 à 14 ans qui travaillent. Une partie de ces esclaves ont contribué à la confection des vêtements que nous portons, à la nourriture que nous mangeons, aux objets que nous utilisons. Une association américaine (Call+Reponse) et le bureau de lutte contre le trafic des êtres humains du département d’Etat américain ont mis en ligne un site internet qui permet de calculer son « empreinte d’esclaves ». Il suffit d’aller sur le site www.slaveryfootprint.org, entièrement en anglais. Le site commence par faire un récapitulatif de l’histoire de l’esclavage, avant de nous expliquer que le but de ce site n’est pas de nous faire culpabiliser ou de nous empêcher de consommer, mais plutôt de nous faire prendre conscience de la réalité des choses et nous demander « de questionner les marques que nous aimons pour savoir d’où viennent leurs produits »
Commençons le questionnaire !
Tout d’abord il faut entrer sa ville de résidence. Puis on nous demande notre sexe et notre âge. A chaque question, on nous donne des informations intéressantes sur l’esclavagisme. On apprend ainsi que les Pakistanais de 30 ans qui ont commencé à travailler à 13 ans, ont signé leur « contrat » de travail l’année de la naissance de Justin Bieber.
On continue l’enquête en nous demandant si on a des enfants, notre type de logement et si nous avons un moyen de transport. Arrivé(e) à la moitié du questionnaire, on doit détailler notre alimentation puis faire un détour par notre salle de bain pour donner la liste des produits qui s’y trouvent, d’autant plus longue pour les filles puisqu’il faut mentionner tous les produits de beauté. La question suivante ne concerne quasiment que les filles. En effet, on nous demande de donner le nombre de bijoux que nous possédons. On apprend par la même occasion que la Birmanie ne se contente pas d’être une dictature et de retenir Aung San Suu Kyi, c’est aussi le deuxième exportateur de rubis et apparemment, les ouvriers ne sont pas les mieux traités au monde…
Après il nous est demandé de choisir entre 5 catégories : technophobe, consommateur régulier, stéréophile, joueur ou geek afin de connaitre votre rapport aux nouvelles technologies, puis de préciser ce que vous possédez, ce qui permet au concepteur du questionnaire de savoir un peu près dans quelle gamme de prix vos gadgets se situent.
Quand on arrive dans la catégorie du sport, on découvre qu’en Chine ceux qui confectionnent les ballons de foot travaillent 21 heures par jours, soit plus que ce que n’importe quel entraîneur de foot demanderait à ses joueurs. Vient la fatidique question : Quels vêtements se trouvent dans votre dressing ? C’est LE moment culpabilisant du questionnaire pour les filles.
La dernière question arrive enfin, je vous laisse la découvrir en faisant le questionnaire.
Le résultat est dévoilé, j’ai 63 esclaves dans le monde. Naturellement, une grande partie est concentrée en Asie (Chine, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Indonésie, Inde…). Contrairement à ce que je pensais, je n’en ai qu’un seul en Afrique, dans le République Démocratique du Congo.
Honte à moi, la moyenne des esclaves est de 25 par personnes. Apparemment, j’aurais trop de vêtements, trop de maquillage et trop de gadgets.
Le site est instructif, et même si la méthode de calcul du nombre d’esclaves est discutable, il a au moins le mérite de nous faire réfléchir.
Slavery footprint, made in a free world.
M.H.