La forme du cerveau se révèle, avec cette étude, un marqueur précieux d'un sous-type de schizophrénie. Des déformations du cerveau de certains patients souffrant de schizophrénie, c'est ce que constatent à l'IRM, ces chercheurs de l'Inserm (Hôpital Sainte-Anne à Paris). Ces conclusions, publiées dans l'édition de juillet du Schizophrenia Bulletin, qui laissent apparaître des particularités individuelles chez ces patients, vont permettre la mise au point de stratégies thérapeutiques personnalisées.
La schizophrénie touche 1% de la population française, rappellent les auteurs. Cette maladie cérébrale sévère et invalidante a été associée à nombreux facteurs génétiques et environnementaux et entraîne des symptômes hétérogènes qui rendent le diagnostic complexe de la maladie. Délires, hallucinations, repli sur soi, ou symptômes autistiques, non seulement les symptômes sont variés mais l'apparition de la maladie aussi, soit brutale lors d'une crise d'hallucinations ou de délire, soit plus insidieuse, avec un repli progressif du patient sur plusieurs années. Pouvoir identifier des marqueurs biologiques ou morphologiques de la maladie est donc primordial pour pouvoir diagnostiquer la maladie.
Arnaud Cachia, de l'unité Inserm 894 / Université Paris Descartes a utilisé une technologie innovante d'analyse des données d'IRM pour détecter ces variations en 3D des cerveaux sur 44 sujets schizophrènes pris en charge à l'hôpital Sainte-Anne qui n'avaient jamais suivi de traitement. Les cerveaux des patients schizophrènes avec et sans signes neurologiques mineurs ont été comparés. Les patients avec des signes neurologiques mineurs rencontrent de petites difficultés motrices ou sensorielles, dues à l'atteinte des réseaux cérébraux qui contrôlent certaines fonctions et qui peuvent être mesurées selon une échelle établie précédemment par les chercheurs.
Une morphologie spécifique des plissements du cortex : En particulier, les chercheurs ont étudié la morphologie 3D des plissements du cortex, par IRM et constatent que les patients avec des signes neurologiques mineurs possèdent en moyenne des plis (sillons et gyrus) légèrement moins marqués que les patients sans ces signes. « On en déduit qu'il y aurait eu des perturbations lors des étapes clés du développement du cerveau, entrainant des trajectoires de développement cognitif et moteur différentes », commente l'auteur principal, Arnaud Cachia. C'est durant la période fœtale, que le cerveau prend sa forme caractéristique et que le cortex se plisse.
Une découverte qui va permettre, à terme, de mieux personnaliser, et de manière plus précoce, la prise en charge thérapeutique. « Une des prochaines étapes sera l'identification des gènes du neurodéveloppement qui sont impliqués », concluent les chercheurs.
Sources: Communiqué Inserm et Schizophrenia Bulletin 14 août 2012, Cortex Morphology in First-episode Psychosis Patients With Neurological Soft Signs
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