Le canapé rouge

Publié le 14 août 2012 par Sebulon

Le canapé rougeMichèle LesbreSabine Wespieser éditeur (2007)
Anne, la narratrice, a entrepris un long voyage, sur les traces de Gyl, un homme avec lequel elle a vécu auparavant. Gyl est parti soudainement s’établir au bord du lac Baïkal, puis un jour n’a plus donné de nouvelles. Vaguement inquiète, Anne a pris place à bord du transsibérien, en direction d’Irkoutsk. Dans son récit de voyage qui mêle la description des paysages traversés et celle des compagnons de train, s’intercalent ses souvenirs, avec ou sans Gyl, et ses réflexions présentes autour d’une vieille dame, Clémence Barrot, sa voisine du deuxième étage, assise sur son canapé rouge et à qui elle fait régulièrement la lecture.
Je ne connaissais pas Michèle Lesbre, je la découvre avec ce roman que j’ai beaucoup aimé. On pourrait croire qu’il ne passe pas grand-chose dans ce texte intime et minimaliste mais j’ai pourtant vu défiler les paysages sibériens depuis les fenêtres de ce train mythique, tandis que les souvenirs de la narratrice font s’entrecroiser les vies des différents acteurs de cette histoire : ceux de maintenant et les femmes dont elle raconte l’existence hors norme à Clémence. Un très beau voyage, comme seul le permet le train, dans l’espace et le temps, reliant hier et aujourd’hui, très évocateur des combats révolutionnaires et féministes qui percent à travers les lignes.
Extrait page 21-22 :
J’étais portée par le désir, un désir que mon inquiétude à propos de Gyl attisait de jour en jour. Et puis il avait fait ce voyage avant moi, son regard avait erré dans ces paysages, sur ces quais, il avait dû s’abandonner à la rêverie devant ce défilé de bouleaux, de pins, d’usines éventrées, de marécages, de ciels embrasés le soir quand brusquement la lumière s’irisait, juste avant la nuit.Je ne courais pas après un vieil amour, mais c’était comme s’il représentait tous les autres, comme s’il les contenait tous en une seule histoire qui me ressemblait, plurielle et une à la fois. La vieille dame semblait me suivre dans ce train, je pensais à elle souvent. Nous allions, chacune à sa façon, vers ces instants de nos vies où tout avait commencé.
Le site de l'éditeur qui permet de lire un extrait.
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