La cérémonie de clôture des JO de Londres a mis dimanche un terme aux festivités. C'est désormais l'heure du bilan. Ces jeux olympiques seront-ils une nouvelle fois une catastrophe financière ?
Par Michel de Poncins.
Jeux de Londres, cérémonie de clôture.
La fête est désormais finie. Mais au lieu de fête ne faut-il pas parler de cauchemar ? Les cérémonies d'inauguration et de clôture furent assez ridicules : des danses et scènes sans saveur évitèrent de célébrer les traits glorieux de l'histoire britannique.
L'heure des comptes arrive
Bien entendu, les statisticiens officiels se vantent d'un accroissement du PIB et d'une bonne réponse à la crise. Pour un économiste sérieux, ces calculs ne veulent rien dire. En fait, il faut parler d'une catastrophe financière, comme cela s'est toujours passé dans l'histoire des jeux.
À Montréal en 1976, l’événement entraîna 900 millions de pertes et la ville mit trente ans à les rembourser. À Athènes en 2004, le déficit a été à son comble avec, sans doute, de la corruption.
Officiellement la facture, pour les malheureux contribuables britanniques, est évaluée à 11 milliards d'euros, la prévision initiale ayant été multipliée par quatre. Ce chiffre officiel est sans signification. Il faudrait le compléter par une quantité inconnue de dépenses adjacentes. La pratique des financements croisés et cumulatifs interdit tout calcul sérieux. De même, les retombées prétendues positives sont tout-à-fait incertaines. Les hôteliers se plaignent de l'absence de touristes. Personne ne quantifie la gêne insupportable imposée aux habitants pour plusieurs années, le droit de circuler librement faisant partie de la richesse des nations.
L'un des arguments des partisans des JO est de saluer un encouragement à faire du sport, ce qui est un pur mensonge. Il y a peu de rapports entre le sport de haute compétition et les autres formes de sport.
La chimère, comme le sont les autres chimères, est promue avec soin grâce à la coalition des intérêts. Dès lors que l’État s'engage, tout le monde s'engouffre derrière lui. Il y a certes les fonctionnaires et bien d'autres intérêts. Les travaux publics, par exemple, qui minorent à plaisir les prévisions budgétaires, ce qui explique les dépassements. Les fabricants d'aménagements, d'appareils de toutes sortes sont innombrables ; dans l'énumération, n'oublions pas les banquiers. Et, enfin, saluons le Comité International Olympique (CIO) et ses dirigeants dont la richesse est légendaire !
Au total ce fut un véritable détournement de fonds qui a privé le vrai sport de moyens considérables.
Privatiser le sport
Pour un économiste, il est clair qu'il faut privatiser le sport : il s'agit d'un ensemble d'activités qui devraient rester purement privées, que ce soit le sport amateur, ou le sport professionnel ou le spectacle du sport de haute compétition hors JO. Cela impliquerait la suppression du ministère des sports ainsi que de ses succursales, dépendances...
Si l’État s'en occupe, ainsi d'ailleurs que les collectivités de moindre grandeur, ils ne peuvent échapper à la médiocrité qui frappe toute intervention publique abusive dans les activités non régaliennes.
À la suite d'une défaite de la France dans une compétition de football, le pouvoir de l'époque convoqua des « États généraux du football ». Dans le livre Parlottes et fêtes, j'ai décris les divers malheurs de la France avec les parlottes coûteuses et inutiles censées les conjurer.
Puisqu'il est question du football, signalons que les déboires de la Fédération Française de Football (FFF) sont anciens. La Cour des Comptes l'avait contrôlée sur les exercices 1984 à 1988 et avait relevé des « dysfonctionnements » graves ; dans son langage feutré, une telle expression veut dire que rien ne fonctionnait normalement. Elle a effectué en 2003 un nouveau contrôle et rien semble-t-il n’avait bougé. Depuis lors, nous ne savons pas.
Si le sport était libéré en France, les privés y régnant en maîtres, il n’y aurait pas de risques pour l’État et pas de contrôle nécessaire pour la Cour. Les problèmes seraient résolus dans le cadre du marché, les propriétaires subissant, parfois rudement, les risques de leur impéritie éventuelle.
Comment la ruine avec les JO ?
Les chemins de la ruine sont bien balisés.
Les dépenses publiques sans limite génèrent un flot d'impôts destructif de l'économie et créateur de chômage. Personne ne chiffrera jamais pour le Royaume-Uni cette conséquence et personne n'a intérêt à le faire.
S'ajoutent les « éléphants blancs », à savoir les équipements surdimensionnés : que vont devenir les immenses stades déserts ? La double ruine menace. Pour cacher leur impéritie, les pouvoirs inventeront avec subventions de fausses utilisations. Ils engageront également des dépenses d'entretien superfétatoires.
Les habitants d'Albertville, après les JO d'hiver de 1992 ont pu constater le désastre pour leur portefeuille.
Les intérêts embusqués dans l'affaire et signalés plus haut se défendront en invoquant le prestige, la cohésion nationale ou d'autres prétextes mensongers du même genre. Ayons la gentillesse de penser que le prestige séculaire de nos voisins d'outre-Manche pouvait se passer de cet événement ruineux et éphémère.
Les JO de 2024
Cela fera plaisir à nos lecteurs Franciliens de savoir que la région va se lancer dans la compétition pour recevoir les JO de 2024. Avec 12 ans d'avance, le robinet des dépenses est déjà ouvert pour une candidature incertaine.
Ainsi se confirme la vanité de tous les calculs précédents, ces coûts anticipatifs étant sciemment oubliés.
C'est à ce moment même que le chômage, fruit de ces folies et de bien d'autres, ne cesse de progresser !