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La fille qui fantasmait trop sur le journalisme musical…

Publié le 14 août 2012 par Swann

Désolé, je ne peux pas vous accréditer car nous préférons favoriser les grands médias nationaux“. Ça m’est arrivé d’avoir ce genre de mail en demandant une accréditation pour un concert ou un festival. Normal, RockNfool n’est une poussière dans l’océan du web, et c’est vrai en comparaison au Monde ou à Libération, je n’apporte aucune visibilité aux artistes ou aux festivals. Un blog (à part – les must – La Blogothèque et Le Hiboo) ne fait pas le poids à côté de ces médias-là. Quand ça m’arrive, j’avale ma déception, j’oublie ma peine et j’achète un billet pour le concert en question. J’aime profondément la musique et accréditée ou pas, si j’ai envie de parler d’un concert, je me débrouille pour y aller en vrai. C’est mieux. Sinon j’en parle pas. Maudite éthique. Certains s’en moque. Apparemment l’éthique, la déontologie ne s’applique pas de la même manière à tous le monde. A Libération, par exemple, on a dû oublier une chose essentielle : on raconte des faits, on n’affabule pas. Pourtant, un envoyé spécial à la Route du Rock ce week-end ne s’est pas gêné pour inventer un concert qui n’a jamais eu lieu. Il écrit “C’est aux délicats My Best Fiend et leur pop atmosphérique que revenait l’honneur d’ouvrir la deuxième soirée de la Route du Rock millésime 2012. Les New-Yorkais se sont acquittés de leur tâche avec majesté, devant un parterre pourtant clairsemé, le retour de la plage ayant visiblement et logiquement – le temps sur la cité malouine était au mieux de sa forme – pris un peu de retard côté festivalier“. C’est beau et bien écrit je trouve, mais c’est certainement inspiré de ce qu’on peut trouver ici et là sur le net. Parce qu’en vrai, My Best Fiend n’était pas à la Route du Rock. Ils n’étaient même pas en France, puisque la totalité de leur tournée européenne a été annulée.

Comment un journaliste peut-il se tromper et inventer à ce point ? La bourde n’est pas passée inaperçue puisque l’article a fait le tour du Web. Réseaux sociaux et médias parlent de ce nouveau concept de Libé : le compte-rendu d’un groupe qui n’a pas joué.  Dans le courant de la matinée, le paragraphe incrimé est supprimé. Tout simplement. Sans aucune explication. Pas de note “MAJ”. Rien. Ni-vu-ni-connu-je-t’embrouille. Mais Arrêt sur Image s’est chargé de faire une capture d’écran pour immortaliser la bévue. Vers 23h, le journaliste se décide à parler de sa bêtise sur son compte Twitter. Et là, ça me fait très rire : “Shame on me. Dans mon “papier” sur http://next.libe.fr  dimanche, j’ai évoqué le groupe My Best Fiend alors que c’était Veronica Falls (1/2). Il enchaine dans un second tweet “Donc pour éviter pareille méprise à l’avenir, je suggère que les groupes méconnus portent sur scène une chasuble avec leur nom. Ouala.”. Oh ! au moins il est drôle! Cependant :

1. Ça fait 150 ans que My Best Fiend était annulé et remplacé par Veronica Falls.

2. En cas de doute, on vérifie les informations. Moi, c’est ce qu’on m’a toujours appris. Le programme était sur le site de la Route du Rock du coup, easy de checker.

3. Éventuellement, quand on prépare un festival, on écoute un tout petit peu les groupes qui se joue. Au moins le “tube” du groupe, histoire de savoir de quoi il s’agit. Du moins, c’est ce que je fais avant de partir sur place. Quitte à passer une bonne partie de ma nuit à essayer de retenir une mélodie phare.

Mais bon, je ne suis que blogueuse et un bébé journaliste. Je ne joue pas dans la même cour que le journaliste de Libé. Sans doute, je fais fausse-route totale. Peut-être qu’en vrai, un journaliste musical c’est vraiment un type qui passe son temps à boire et à faire la fête. Peut-être que c’est vraiment un type qui ne va pas au concert et qui les invente. C’est peut-être un type aussi qui chronique les albums sans les écouter. C’est peut-être un type qui va aux interviews en n’ayant toujours pas écouter le skeud en question. Oui, peut-être qu’en vrai, on est pas obligé de raconter ce qu’il se passe en vrai, peut-être qu’on a le droit d’inventer. Mentir. Et parler de “bourde(tte)” quand on raconte n’importe quoi. Merde, ai-je vraiment envie d’être comme ça ?


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