C'est qu'avant cela il s'en est passé des concerts ratés et des sets annulés pour cause d'état d'ébriété avancée. Face aux journalistes, Joe Lewis est souvent revenu sur cette période assombrie par l'alcool et le stress (je vous passe les détails de ce que pourrait donner un set à 3 grammes alors que vous êtes seul sur scène), lui procurant le plus souvent déshonneur et moquerie d'un public consterné. Quoi qu'il en soit les choses ont bien changé, aussi l'homme s'est affirmé et en a profité pour se refaire une conduite. Aujourd'hui, c'est à Black Joe Lewis & The Honeybears à qui nous avons à faire. En une phrase, si l'adage qui veut que l'union fait la force demandait à être vérifié, dans le cas présent cela ne ferait aucun doute. En plus simple, ce groupe là est très, très, "costaud". Pour vous situer un peu mieux les intentions du bonhomme, ou en tout cas son point de vue, sachez qu'à la question: «que pensez-vous du retour en force de vieilles gloires du R&B comme Spanky Wilson, Lee Fields, Sharon Jones ou Charles Bradley, sans parler de nos contemporains, vivants ou morts, à commencer par Amy Whinehouse», Black Joe Lewis, bien dans ses baskets et sûr de lui, répond qu'il n'y voit que peu d'intérêt, l'ensemble sonnant trop propre à ses yeux. Ce à quoi je répondrai qu'il n'a pas tort, surtout quand on s'intéresse de plus près à la firme Daptone dont les publications pullulent, et où à force tout fini par se ressembler. Quant au cas Amy Whinehouse, n'en déplaise aux producteurs opportunistes devenus milliardaires sur le dos fragile de cette fille, je ne suis pas persuadé que la qualité de ses 2 albums suffise à la postérité de son oeuvre (mais c'est une autre affaire, le temps jugera).
Joseph Lewis s'est lui remis de ses déboires passés, laissant de côté les bouteilles et sa timidité pour tracer sa route dans un sillon, disons-le pas franchement original en soi puisque rodé par d'illustres prédécesseurs, mais tellement bien creusé, à la force des bras et à la sueur du front, qu'on se régale de bout en bout sans se forcer. Il y a du talent autant que de belles promesses d'avenir dans ce qu'il construit avec ce groupe. Une grosse énergie, beaucoup d'envie et de rugosité, des riffs de guitares qui se répondent du tac au tac, une voix solide, des attaques de cuivres dans la grande tradition du funk, des compositions simples et variées embrassant plus de 40 ans de musique, du blues au rock en passant par le funk ou la soul; ici on est en terrain connu mais on continue à se délecter de ces territoires où l'on aime marcher. Si vous ne connaissiez pas encore alors lâchez-vous, et tant que vous y êtes montez le son, vous verrez c'est encore mieux. Amazon iTunes Officiel