2012: le festival familial Folkin' Ro souffle dix bougies, pour l'occasion la pittoresque Boesdaelhoeve sera inondée des rayons généreux d'un astre porté disparu depuis le début de la saison estivale.
Comme les années précédentes, deux podiums, le premier dans la cour de la ferme, le second dans la grange, pour les mioches diverses activités dans le parc: Luftschloss, stand de grimages, tir à l'arc, pêche aux canards ... les parents disposant d'une terrasse à l'ombre pour tenir leur progéniture à l'oeil tout en sirotant une Kriek, une Gueuze ou tout autre liquide désaltérant.
14:15' ouverture des festivités, un organisateur annonce Stoomboot.
Nous sommes 25 à tout casser face à ce bateau à vapeur juvénile, en excluant la nombreuse équipe de bénévoles.
Mais 25 individus qui pourront affirmer avoir entendu un concert emballant, donné par un jeune homme promis à un bel avenir.
Niels Boutsen ( originaire d' Overijse) fête ses 20 ans aujourd'hui, l'an dernier il a remporté la Nekkawedstrijd à l'Ancienne Belgique, ce qui lui a valu de pouvoir exprimer son talent au Festival aan Zee à La Panne, aux Gentse Feesten et à la Nekkanacht en avant -programme du poète/chanteur Willem Vermandere.
Goeiemiddag, je suis Stoomboot et je chante des chansons douces!
' Mensen', kleinkunst intimiste à la Raymond van het Groenewoud, comme ce nom ne te dit probablement rien, on ajoutera le jeune James Taylor.
Un jeu de guitare sobre et juste, un timbre murmuré, mélodieux, il a déjà conquis les mamans dans l'assistance.
' De Spanjaard' le mec qui te pique tes amies.
Niels, du haut de ses 20 printemps, fait preuve d'une solide dose de maturité et de lucidité, ses métaphores frappent... ze is zoals computers, ze crasht alleen met mij..
Il étudie à la KUL ( Leuven), dans le kot où il réside il est entouré d'ethnies et de religions diverses, en tant qu'agnostique il participe à de sérieuses discussions ( arrosées), je dédie ' Gaffa' à mon grand-père qui m'a donné quelques bons conseils.
Le poétique ' Mist' précède le rythmé ' De samenzweringsman', un voisin qui a beaucoup à raconter, sur tout.
Ce devait être une chanson d'amour, j'ai changé d'avis: 'Tyfus'.
Niels semble avoir un petit problème avec le sexe opposé ...zonder kutwijf kan ik niet bestaan...!
D'un ton empreint de modestie il annonce ' Concepten', traitant des paradoxes de la vie, puis un nocturne nostalgique ' Dromen', avant de démystifié la fable sex & drugs & rock'n roll avec ' Groupies'.
C'est pas parce que t'as une guitare en main que tu vas te taper, comme Elvis, un millier de groupies...c'est des couilles!
Il termine ce brillant récital par ' Koffie' traitant: des nuits estudiantines pendant lesquelles la Stella coule à flot, des cours manqués, des one-night -stands imprévus.
Stoomboot: à tenir à l'oeil!
Nele Needs a Holiday
Qui a besoin de vacances?
L'artiste/actrice/ chanteuse, Nele Van den Broeck ( chant, ukulele, basse, claviers et humour corrosif), elle compte voyager et s'amuser avec ses copines, Sielke De Mulder ( guitare, backings, blokfluit, glockenspiel) - Lise Bouttery ( piano, backings, blokfluit) et, la dernière engagée, Tine Allegaert ( trompette, glockenspiel, blokfluit, backings).
Pendant que les amies s'occupent des bagages, Nele débute solo, à l'ukulele, je dédie ' Give up the dream' à ma maman qui aurait voulu que je me trouve un gentil mari et que j'enfante 3 ou 4 fois, mais j'ai un problème, je n'ai pas l'instinct maternel... ça commence fort, un titre kitsch au second degré tonique.
Voilà les Holidays, si Nele était jaune, les autres filles arborent du vert, du bleu et du rouge que les aquarellistes pastels excluent de leur gammes.
' Do you remember made in Taiwan' , un band dans lequel Nele jouait des claviers et connut 5 minutes glorieuses en 2008.
Du sixties surf/girls group déluré avec une belle séquence doo-wop.
' Borf'.
Tu disais?
Borf, un garçon, pas un éphèbe, qui me draguait.
A propos de tous mes ex ( entre 450 et 500): ' Red dress song', décalé comme du Tiny Tim, avec trois flûtes à bec, empruntées à Juffrouw Vogelzang, prof de musique à Onze-Lieve-Vrouw-Instituut à Gand.
Nele c'est Mr Bean with a yellow dress on.
' I love you but I google other people', la monogamie c'est pas pour moi, sur fond Christmas Carol, faussement naïf.
' OK Girlfriend' c'est con de s'amouracher d'un type qui a déjà une petite amie.
J'ai vécu à Bruxelles, donc ' Femmes de la Rue' et le sexisme, je connais, avant le film de Sofie Peeters, j'avais écrit ' Je ne suis pas intéressée' en franglais. Les mecs te faisant des propositions obscènes, te sifflant comme si t'étais leur Snoopy ou te tripotant les seins dans le métro, il n'y a qu'une solution: getting old and ugly...
Pour l'équilibre communautaire: ' Gij kunt mij krijgen', c'est pas autobiographique, ajoute-t-elle.
' Will you still love me' ..if I looked like my mum... bonjour, maman!
Je vous dévoile un secret, je suis timide, ' Bla Bla'.
Aha, aha...
Le mélancolique 'Fan in Japan', dédié à sa fan nippone, puis le jouissif 'Beyonce', quand j'ai bu je me prends pour Beyonce, c'est grave, docteur?
Mais, non, il suffit de ne pas dessouler!
La dernière de ce concert amusant, le philosophique ' The try song' .
Faut pas changer, just be yourself, girl!
Dans la grange: Roosbeef!
On t'arrête tout de suite, pas la peine de nous demander, saignant, à point ou bien cuit!
Roosbeef est le nom de groupe choisi par la jeune singer/songwriter de Duiven (Gelderland), Roos Rebergen.
Trois plaques à son actif, un EP 6 titres en 2006 et deux full CD's 'Ze willen wel je hond naaien maar niet met je praten' et 'Omdat ik dat wil'.
Des chroniques élogieuses chez les Oranje et chez nous, du côté flamand.
D'ailleurs, son live band est à moitié belge: Tom Pintens ( Flowers for Breakfast, Moondog Jr. Zita Swoon, Think of One.... sans oublier son projet solo.) à la basse et aux backings- Wannes Cappelle (Het Zesde Metaal)à la guitare, claviers et au chant , puis les deux Néerlandais, Tim van Oosten aux drums et Reinier van den Haak à la guitare et à l'harmonica.
Roos au chant et aux claviers.
De folk il n'en fut guère question, de Nederindiepop d'un très haut niveau: oui!
De l'émotion, de la passion, de la dérision, de l'opiniâtreté, des textes brillants et une présence scénique déterminée sur fond sonore résolument rock, cela donne un concert brillant.
L'indie atmosphérique 'Schone Schijn' ouvre pour démarrer en douceur.
Dès le second titre, ' Iets teveel wij(n)' , ça éclate de partout, 'Pulpo' étant tout aussi nerveux.
Roos agrippe le micro, s'époumone, pleure, bat des pieds, arpente la scène dans toute sa largeur, vit ses textes.
Une ballade s'attaquant à tes tripes et à tes cellules nerveuses, ' Sirene', ... de sirene gilt, Roos se fait stridente.
Une basse ronflante amorce le midtempo lancinant 'Nachtauto' auquel succède l'aérien 'Twijfelaar'.
' Niet uitmaken' un sale rock , aux riffs de guitare mordants finira carrément noise.
Le tourbillonnant ' Te heet gewassen' , sur l'album de 2008, sera suivi du catchy 'Als je me zoekt' au faux final en vocalises.
Rode vibre, vicieusement, le drummer sans nous laisser applaudir, ébauche de façon martiale le secouant ' Sneeuw', le chant scandé de Roos se fait hystérique pendant que Tom vocalise en contrepoint.
Titre hypnotique.
Un morceau calme, nous promet la frêle jeune fille: ' Hersens' avant de questionner l'organisation, encore cinq minutes, OK, j'arrête mon monologue pour vous interpréter 'In het bos', une petite valse sylvestre fragile qui, comme tout bon slow rock, explosera tardivement!
Saignant le Roosbeef!
Retour dans la cour pour subir un soundcheck tiré en longueur.
Après la finale du Zennetoer, début 2009, et le Bluesrock festival de Ternat, en août de la même année, c'est ta troisième rencontre avec Jan-Pieter Delcour: leadvocals – bass – guitar, Frank Van Overstraeten: keyboard – vocals, Jonas De Meester: guitar, Ludo Stichelmeyer: percussion – drums et Joke Delcour: vocals.
Le groupe a pris de l'assurance et leur pop teintée d'éléments tantôt funk/ groove, tantôt folk ou même reggae doit plaire à madame et monsieur tout le monde, par le côté non subversif et dénué d'agressivité.
Douze titres ensoleillés, relativement lisses, joués par des gens connaissant leur job, pointons l'excellente voix white soul de Jan-Pieter, les harmonies mixtes avec sa soeur Joke, le piano parfois jazzy, le drumming sobre et de temps en temps, quand il en a l'occasion, les belles envolées de Jonas.
Deux morceaux ( dont '1999') au groove propre et aux arrangements soignés pour démarrer, un titre dreampop pour suivre - une reprise plastic funk de 'The Days of Pearly Spencer' de David McWilliams - un excellent titre horror B-movie , trois petites filles assistant au meurtre de leur maman- une cover pas conne de Duran Duran, ' Chauffer' - un indie folk intense - le dernier single, 'Sudden Void, encore une short story avec un crime en toile de fond - la jazzy pop ballad à la Eric Carmen, ' Last song' avant de retourner au groove avec une escapade Santana, ' Lonely Heart' - ' Wipe me out' qui te rappelle Shampoo, formé par Luk Smets et Cel De Cauwer après un des splits des Pebbles et pour finir le Radio 1 -hit, 'Marillon' aux accents reggae.
Avant de reprendre le chemin du second podium, le public a droit à un défilé de l'Antwerp &district Pipe Band: jambes velues, kilts verts, cornemuses, tambours et grosse caisse, manquait que le pure malt!
Blaudzun
Sans conteste le clou du festival!
En 2008, tu vis le natif de Arnhem en première partie de Swell à l'AB club, un set honnête, pas de quoi fouetter un chat, en 2012, Blaudzun est devenu incontournable, son concert du 11 octobre, dans cette même Ancienne Belgique, affiche déjà complet.
Sa discographie compte désormais 3 albums, le dernier ' Heavy Flowers', au graphisme proche du 'Stand Up' de Jethro Tull, fait l'unanimité: magistral est le qualificatif le plus utilisé.
Accompagné d'un band exceptionnel : son frère, Jakob Sigmond ( banjo, guitar, lapsteel) - Tom Swart ( accordéon, claviers) - Franc Thomas Timmerman ( bass, percussion) - Laurens M Palsgraaf ( synthé-handclaps, trumpet) - Wouter de Waart ( drums) et la fine Judith van der Klip ( violon, mandoline), Blaudzun, alias Johannes Sigmond ( guitar, mandoline, lead vocals) aura éclaboussé Rode de sa classe.
' Heavy Flowers', une alt.country ballad à faire frémir la plus sombre brute, tu penses à Lambchop ou à Vic Chesnutt, précède le feetstomper ' Who took the wheel'.
'Flame on my head' crache le feu, deux mandolines décorent ' We both know' qui te fait songer au Woven Hand de David Eugene Edwards.
Handclaps, some freaky americana, ' Quiet German Girls' sur l'album précédent 'Seadrift Soundmachine'.
' Le chant des cigales' transformé en rock furieux aux effets de guitares saturés, dopées les cigales!
Blaudzun ramasse un ukulele et amorce ' Wolf's behind the glass' solo, une berceuse grand méchant loup, ...sleep tight, n'aie pas peur, le loup est dehors!
Le lent 'Midnight room' baigne à nouveau dans les climats 16 Horsepower, il sera suivi par l'uptempo' Sunday punch'. 'Solar' et sa slide élégante, puis 'Sunshide Parade', s'il vous plaît, ressortez vos lunettes de soleil pour cette parade aux teintes Arcade Fire croisant Calexico.
Une ode aux emmerdeurs, ' Streetcorner', Johannes interrompt la mélodie pour constater que trois individus quittent la salle, étaient-ils concernés par son introduction?
Le band vire roots rock sur fond surf fiévreux ' Jezebelle' pour revenir au calme et au banjo avec 'Another ghost rocket' .
Rode, our last one, l'héroïque et énergique ' Elephants' .
Ovations, cent fois méritées.
L'affiche prévoyait encore Kajhem Orchestra, influences balkaniques et Gorki,, et ses' lieve kleine piranha' et 'Mia', mais tu dois quitter Rode!