Karl Marx a eu tort sur tout

Publié le 13 août 2012 par Copeau @Contrepoints

Quand on me dit, le capitalisme n'aime pas les pauvres, je réponds, c'est vrai, nous voulons en faire des riches. Ce sont les socialistes qui en ont besoin comme clientèle.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume Uni.

J'ai pris part à un échange révélateur, il y a quelques jours. Quelque chose que j'avais mis sur Twitter, une question timide sur savoir s'il est désirable de pousser de plus en plus de gens sur les bancs de l'université, a déclenché une série de réponses du type : "Typique, comme tous les capitalistes, vous n'aimez pas les pauvres".

La critique est arrivée en un tel blizzard que je me suis dis qu'il fallait que je fasse une réponse ou une autre, et j'ai donc repris mon clavier : "J'aime tous ces tweets "les capitalistes n'aiment pas les pauvres". C'est vrai, nous voulons en faire des riches. C'est les socialistes qui ont besoin de leur clientèle".

Ce qui s'est produit ensuite m'a fait réfléchir. L'une après l'autre, les personnes de gauche sur Twitter ont fait la queue, pour argumenter que le capitalisme ne pourrait survivre sans la pauvreté, que son essence est d'accroître le fossé des inégalités, qu'il concentre de plus en plus de pouvoir entre les mains de moins en moins de ploutocrates, que ses jours sont comptés. Le blogueur travailliste Sunny Hunal pourrait bien parler pour un grand nombre de personnes : "En fait, le capitalisme (par définition) a besoin de plus de pauvres et préfère des droits de négociations faibles et des inégalités grossières".

Ce qui est fascinant, ce n'est pas seulement que la proposition de Sunny est fausse. C'est que, comme toutes les autres réponses déjà citées, elle est empruntée directement à Karl Marx.

Le marxisme, de façon unique parmi les philosophies politiques, s'est défini lui même comme une science. Pour ses adhérents, ses propositions ne sont pas spéculatives mais empiriques. En tant que bon hegelien, Marx voyait ses prévisions comme faisant parti d'un processus historique inexorable. Et pourtant, elles se sont toutes - toutes - révélées fausses.

Le capitalisme était supposé détruire la classe moyenne, laissant une minuscule clique d'oligarches gouverner un vaste prolétariat. En fait, le capitalisme a agrandi la bourgeoisie partout où il a été pratiqué. Le capitalisme était supposé abaisser le niveau de vie pour la majorité. En fait, le monde est plus riche qu'il n'aurait été concevable il y a 150 ans. Tout le système de marché était supposé être au bout du rouleau au temps où Marx et Engels écrivaient. En fait, il entrait dans son âge d'or, profitant immensément aux plus pauvres. Comme l'a dit Schumpeter, la princesse a toujours pu se permettre des bas de soie, mais il a fallu le capitalisme pour les mettre à la portée de la jeune fille de la boutique. Le niveau de vie d'un Britannique vivant du RMI aujourd'hui est plus élevé que celui du Britannique gagnant le salaire moyen en 1920.

Je ne sais pas combien de personnes qui répètent les mots de Marx comme des perroquets sont au courant qu'ils le font. Mais, quel que soit le nom qu'on lui donne, les événements ont eu sensationnellement peu de prise sur cette doctrine. On aurait pu croire, et je l'ai cru, que l'effondrement des régimes du pacte de Varsovie en 1989 aurait réfuté définitivement le socialisme révolutionnaire. Et cependant, des générations successives continuent de tomber dans le panneau.

Plus je lis de choses sur la psychologie comportementale, plus je pense que les idéologies sont autant un produit de la nature des gens que de l'observation du réel. Les doctrines perverties qui ont fait passer les bolchéviques à l'acte, pourraient être immanentes dans une portion de l'humanité. Certaines personnes sont déterminées à voir tout succès comme une arnaque aux dépens de quelqu'un d'autre, toute transaction comme une exploitation, tout exercice de la liberté comme le viol de quelque plan idéal, toute tradition comme une superstition.

Alors que nous approchons du bicentenaire de sa naissance, comme il est délicieux de constater que Karl Marx a été transformé en la chose qu'il détestait plus que tout : le prophète d'une foi irrationnelle.

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