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Lundi Librairie : La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel
Publié le 13 août 2012 par Parisianshoegals @ParisianShoeGalUn froid matin d'hiver, Monsieur Linh débarque d'un long voyage, sa petite fille, Sang Diû, paisible, bien trop paisible nourrisson, serrée contre son coeur. Isolés et perdus dans ce port inconnu, ils sont les rescapés d’un évènement tragique qui a décimé les derniers membres de leur famille et dévasté leur tranquille village. Depuis la France, pays d’exil, le vieil homme se rappelle les rizières parfumées d’une lointaine contrée qui reste innommée (le Vietnam ?). Des bribes d’images affleurant tout au long du récit remémorent le conflit qui le déchire. Logé dans un dortoir qu’il partage avec deux familles de réfugiés au comportement plutôt hostile, Monsieur Linh croise un jour la route d'un homme veuf et solitaire, Monsieur Bark, avec qui, il noue bientôt une belle amitié malgré la barrière de la langue. Rencontre de deux solitudes, deux existences hors de la vie, abandonnés que sont les personnages par le monde dans lequel ils se meuvent.
Philippe Claudel signe là un texte bref au style épuré et sensible. Tellement court d’ailleurs, qu’il s’agit plus d’une nouvelle que d’un roman. L’art de la nouvelle se concentre dans l’efficacité de la chute, le ressort dramatique du dénouement et l’auteur y excelle. Il compose une histoire mélancolique pleine de poésie d’une densité rare. La plume fluide du romancier nous fait partager la douleur du déracinement et nous mène jusqu’aux portes de la folie, seule échappatoire vers la résilience. Un conte moderne et tragique, bouleversant auquel je pourrais reprocher de jouer un peu trop parfois sur la corde sensible sans pourtant sombrer dans le pathos, un livre auquel j’ai repensé longtemps après l’avoir refermé.
La petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel – Edition de poche, le Livre de Poche