Les maladies à prions, causées par le pliage anormal d'une protéine et responsables de neurodégénérescence progressive puis de décès, pourraient être retardées par la réduction de cuivre dans l'organisme. Ces conclusions de chercheurs du Scripps Research Institute qui publient dans les Actes de l'Académie nationale des Sciences américaine (PNAS), montrent que l'absence d'un gène de transport du cuivre augmente la survie chez des souris infectées par une maladie à prions. Mais, à partir de là, développer des traitements reste un défi car notre corps a besoin d'un équilibre très fragile en cuivre.
Les maladies à prions ou encéphalopathies spongiformes transmissibles comprennent l'encéphalopathie spongiforme bovine («vache folle») chez l'animal, la maladie de Creutzfeldt-Jakob chez l'Homme, ou encore le Kuru, la maladie à prions des cannibales, la tremblante du mouton et l'encéphalopathie des cervidés chez les cerfs et les wapitis. Ces protéines peuvent être transmises par certains types de contact avec les tissus infectés, les fluides corporels et les instruments médicaux contaminés. En effet, contrairement à la plupart des infections, causées par des bactéries, des virus ou des parasites, les maladies à prions sont liées au dysfonctionnement d'une protéine naturelle intrinsèque qui peut se convertir en protéine anormale, en raison de l'entrée de prions infectieux. Une fois dans l'organisme, le prion infectieux entraîne le mauvais repliement des autres protéines qui s'agglutinent en plaques dans le cerveau et le système nerveux.
« Nous montrons que le cuivre joue un rôle dans le repliement de la protéine, mais n'est pas indispensable à ce mauvais pliage», explique le professeur Michael Oldstone, auteur principal de l'étude. Les chercheurs savent depuis de nombreuses années que les protéines prions se lient au cuivre mais ignoraient si cette faculté favorisait ou non le développement de l'infection à prions. En créant une mutation chez la souris qui entraîne une diminution de 60% de la quantité de cuivre circulant, ils montrent que la réduction de cuivre peut retarder l'apparition de la maladie. Ici, les souris témoins ont développé la maladie en environ 160 jours, alors que les souris mutantes, déficientes en cuivre ont mis plus de 180 jours. La protéine prion anormale était également moins présente dans les cerveaux des souris mutantes que chez les souris témoins, suggérant la contribution du cuivre au développement de la maladie. Finalement, toutes les souris sont mortes de la maladie.
Les médicaments chélateurs du cuivre ? Ils pourraient, tout comme la thérapie génique être une voie possible pour contrer les maladies à prions. Cependant, notre corps a besoin d'un équilibre en cuivre et ce type de traitement pourrait perturber cet équilibre. C'est pourquoi les auteurs ne préconisent pas l'épuisement du cuivre comme thérapie mais plutôt de comprendre plus avant la fonction du cuivre dans le fonctionnement biochimique de la maladie.
Source: PNAS August 6, 2012, doi: 10.1073/pnas.1211499109 « Disruption of copper homeostasis due to a mutation of Atp7a delays the onset of prion disease” (Visuel Inserm “Maladie de Creutzfeldt-Jacob”)
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