La quatrième édition du festival métal Heavy MTL débutait samedi au parc Jean-Drapeau sous un ciel plus qu’incertain. Au programme en ce premier jour: un mélange intéressant d’artistes de la relève et de vieux de la vieille qui grattent leur guitare bien avant la naissance de la plupart des spectateurs.
Le site compte cette année encore trois scènes. Les deux principales, situées côte à côte et surnommées pour l’occasion Scène Jaggermeister et Scène Heavy MTL, accueillaient les plus gros noms de la journée, alors que la Scène de l’Acopalypse, plus petite, reculée et entourée d’arbres, donnait une tout autre ambiance aux spectacles qui y étaient présentés.
La présentation du festival Osheaga la semaine passée a probablement évité des ratés dans l’organisation en ce samedi. Il faut aussi noter que le Heavy MTL accueille moins de spectateurs que son homologue. Pas trop d’attente à l’entrée, une fouille rigoureuse qui a dû en frustrer plus d’un, des indications claires et un horaire (presque) respecté à la lettre ont rendu cette première journée agréable.
C’est au groupe canadien Diemonds que revenait l’honneur de débuter la journée sur la scène Heavy MTL. Leur performance hard-rock était à point, mais c’est le genre de musique qu’on ne peut ni aimer, ni détester. On avait donc hâte de voir Job for a Cowboy entrer sur scène. La fébrilité était palpable lors de l’entrée sur scène du groupe du deathcore américain… sauf que cette excitation a laissé place à de l’incompréhension alors qu’aucun son n’était audible hormis ceux provenant des moniteurs sur la scène. Le problème a vite été réglé, heureusement. Hormis ce détail, Job for a Cowboy a donné une performance correcte, sans plus.
Se sont ensuite enchaînés, sur les deux scènes principales toujours, Veil of Maya, Periphery et Between the Buried and Me. Il est alors apparu évident que le son était meilleur sur la scène Heavy MTL, où ont performé le premier et le troisième groupe, que sur la scène Jaggermeister, où s’est exécuté le second. Ces trois jeunes groupes ont néanmoins donné tout un spectacle.
La pluie s’est concrétisée pendant la performance (très) brutale d’un groupe reconnu pour sa violence, ses paroles sans bon sens et son statut de légende du death metal: Cannibal Corpse, présenté sur la scène Heavy MTL. Revisitant les grands succès comme les morceaux récents, la troupe du chanteur George « Corpsegrinder » (oui oui) Fisher a laissé des marques et des plaies à plusieurs de ceux qui se trouvaient dans le mosh pit. Ne donnant pas dans la subtilité, les membres du groupe, tous vêtus de noir, ont donné tout ce qu’ils avaient à donner, et n’avaient pas du tout l’air d’une formation qui roule sa bosse depuis plus de 20 ans.
Pendant que Killswitch Engage et Deftones faisaient vibrer les cordes de leurs guitares sur les scènes principales, un retour à la scène de l’Apocalypse a permis d’assister aux performances d’Origin et de The Faceless. La première formation, dont le chanteur Jason Keyser s’est permis quelques phrases assez réussies en français, a impressionné par sa brutalité et son énergie contagieuse. Le wall-of-death silencieux restera un des moments mémorables de la journée, alors que Keyser a demandé aux spectateurs de se rentrer dedans avant le début de la chanson, alors que la coutume veut que ce soit la voix du chanteur qui soit le signal de départ habituel. En plus, c’est sur les dernières notes d’Origin que la pluie battante s’est arrêtée, laissant les gens mouillés et le sol boueux.
Ce fut ensuite la course vers la scène Heavy MTL pour le groupe le plus attendu de la journée. Les Arméniens de System of a Down ont attiré la plus grosse foule de la journée, aucun doute là-dessus. Les spectateurs étaient gonflés à bloc et les mosh pits se formaient un après l’autre dans la boue, gracieuseté de la forte averse et des torrents d’eau lancés sur la foule pour éviter les crises de chaleur. Pendant une heure et 45 minutes, le groupe qu’on attendait depuis trop longtemps a enchaîné les succès, remontant jusqu’à leur premier album éponyme et jouant d’autres classiques de l’album Toxicity (qui n’a jamais entendu la fameuse Chop Suey!?) ainsi que des morceaux de leurs deux plus récents albums, Mesmerize et Hypnotize, qui datent quand même de 2005. S’il existe de l’animosité entre les quatre membres du groupe, elle n’a pas trop paru sur scène. Serj Tankian, chanteur du SOAD, n’y est pas allé de longs discours entre ses chansons, préférant laisser place à la musique de ce groupe qu’on n’avait pas vu à Montréal depuis cinq ans. Une réussite d’un bout à l’autre. On en oubliait même les souliers pleins d’eaux, les jambes recouvertes d’une épaisseur de boue séchée et l’odeur de sueur qui englobait le parc Jean-Drapeau.
Après cette journée épuisante, retour à la maison pour un dodo trop court avant de repartir pour le jour deux. Au programme : Marilyn Manson, Slipknot, In Flames, Gojira et plus encore.
photo sur la page d’accueil par chew2011, autres photos par Julien L.