LONDRES (Reuters) – Sacré avec l’équipe jamaïcaine de relais 4×100 m, Usain Bolt a ajouté samedi une page à sa légende en s’adjugeant son sixième titre olympique, le troisième à Londres avec, à la clé, le record du monde qui manquait à son bonheur dans ces Jeux.
En 36″84, Nesta Carter, Michael Frater, Yohan Blake et sa majesté Bolt ont repoussé les limites de la discipline de deux dixièmes face à un beau quartet américain qui a dû se contenter de l’argent et d’égaler l’ancien record des Jamaïcains en 37″04.
Le bronze, un temps attribué aux Canadiens, est finalement revenu à Trinidad et Tobago après la disqualification de ces derniers.
Les Français étaient encore médaillables avant la dernière ligne droite, mais Ronald Pognon, à 29 ans, n’a pu résister au retour des Trinidadiens, qui privent les Tricolores de podium pour quatre centièmes.
« On ne passe pas loin d’un exploit », a réagi Christophe Lemaitre au micro de France Télévisions. « On savait qu’il y avait une possiblité et on l’a tentée jusqu’au bout. Mais malheureusement on fait encore des passages trop perfectibles », a dit le sprinteur d’Aix-les-Bains, qui a estimé qu’un podium aurait été « tout à fait possible ».
Plus sobre dans ses célébrations qu’à son habitude, Usain Bolt s’est contenté d’un mini bain de foule avant de se livrer à quelques mimiques en duo avec Yohan Blake, son successeur désigné.
« C’est toujours merveilleux de finir comme ça. C’est un sentiment magnifique. Je savais que nous pouvions battre le record du monde, mais je pensais que nous irions plus vite. Cela laisse de la marge pour l’améliorer encore », a dit à la presse celui qui est le premier athlète à réaliser ce triplé lors de deux Jeux consécutifs.
« DIFFICILE DE RESTER AU TOP », DIT BOLT
En conservant les trois titres du 100 m, 200 m et relais 4X100 m, Usain Bolt est sans doute aujourd’hui le plus grand sprinter de l’histoire, devant les mythiques Jesse Owens et Carl Lewis.
Il les imitera peut-être dans les années à venir en se risquant à la longueur, où sa vitesse et son amplitude devraient faire merveille.
« Ça va être difficile pour moi de rester au top, il y a Yohan qui arrive et plein d’autres jeunes de talent. On va voir, je vais y aller pas à pas », a-t-il dit.
Comme le Kenyan David Rudisha au 800 m jeudi soir, Mo Farah a presque volé la vedette à Usain Bolt en s’adjugeant le doublé 5.000 m-10.000 m pour rejoindre le gotha de la course de fond.
Le Britannique d’origine somalienne a maîtrisé avec brio un 5.000 m tactique pour se jouer des Ethiopiens et des Kenyans en 13’41″66.
Grâce à un dernier tour exceptionnel, bouclé en 52 secondes, Mo Farah a non seulement ajouté l’or olympique à ses titres mondial et européen, mais rejoint les plus grands spécialistes de l’histoire.
Six athlètes avant lui avaient réussi ce doublé la même année, dont les légendaires Emil Zatopek, Vladimir Kuts, Lasse Viren, ou l’Ethiopien Kenenisa Bekele à Pékin en 2008.
L’Ethiopien Dejen Gebremeskel, 22 ans et médaillé de bronze aux Mondiaux de Daegu, a pris la deuxième place en 13’41″98, devant le Kenyan Thomas Pkemei Longosiwa, en 13’42″36.
Mo Farah avait déjà fait chavirer le stade de Stratford une semaine plus tôt en enlevant le 10.000 m et il a ajouté à ce nouveau triomphe une touche d’humour en effectuant quelques « abdos » sur la piste, comme Usain Bolt s’était fendu de quelques pompes après sa victoire sur le 200 m.
« Avec la chaleur, je me sentais un peu fatigué, mais tout s’est passé parfaitement. J’ai eu un soutien formidable du public. Je veux remercier tous mes entraîneurs, présents ou passés, tous les gens qui ont compté dans ma vie, et surtout ma femme », a-t-il dit.
DEUX MÉDAILLES POUR LES JUMELLES DE FARAH
Pour les quotidiens tabloïds, son doublé est également une aubaine puisque son épouse, Tania, attend des jumelles pour le mois prochain.
« Deux médailles pour mes deux petites filles, je ne pouvais pas espérer mieux. Je ne pouvais tout de même pas en priver l’une ou l’autre de médaille », a-t-il déclaré.
Au 800 m féminin, tout le monde attendait la Sud-Africaine Caster Semenya, championne du monde controversée en 2009, où sa féminité avait été mise en doute avant que l’IAAF ne la requalifie en juillet 2010.
Mais la jeune femme entraînée par Maria Mutola, championne olympique à Sydney, a livré l’une des courses tactiques les plus calamiteuses jamais vues en finale olympique, pour échouer à la deuxième place derrière la championne du monde russe Mariya Savinova, sacrée en 1’56″19.
À la hauteur, une autre championne du monde russe, Anna Chicherova s’est imposée logiquement avec un bond à 2,05 mètres, devant l’Américaine Brigetta Barrett et sa compatriote Svetlana Shkolina, toutes les deux créditées de 2,03 m.
Le triomphe russe en cette dernière soirée d’athlétisme à Londres a été complété par le doublé réussi par Elena Lashmanova et Olga Kaniskina au 20 km marche.
Les Américaines ont survolé le relais 4×400 m en 3’16″87 pour remporter le titre pour la cinquième fois d’affilée, devant les Russes et les Jamaïquaines.
Les Françaises ont terminé sixièmes.
Enfin, le javelot messieurs a vu l’éclosion d’une future star de la discipline, le Trinidadien Keshorn Walcott, 19 ans, qui a transformé son titre mondial juniors en or olympique avec un jet à 84,58 m.
Edité par Jean Décotte
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