Tout le monde ment, surtout les indices boursiers

Publié le 12 août 2012 par Chroom

Le Dow Jones est un indice de prix, il ne vous donne donc rien d’autre que ce qu’il est supposé faire : le prix ! La grande majorité des investisseurs suivent sa performance sans même savoir que cet indice n’a pas été conçu pour ça. En effet, un indice de prix ne tient pas compte des dividendes versés par  les sociétés sous-jacentes. La plupart des indices boursiers à travers le monde sont des indices de prix, comme le CAC 40 ou le SMI.

Pour tenir compte de l’impact des dividendes, il faut se baser non pas sur un indice de prix, mais sur un indice de performance, comme le DJITR, le CAC 40 GR ou le SPI par exemple. La plupart des indices de prix possèdent leur équivalent de performance «total return». Si l’on avait compté les dividendes depuis son lancement le 26 mai 1896, le Dow Jones se situerait aujourd’hui non pas à 13’000 mais à 1’300’000, soit 100 fois plus !

La supercherie ne s’arrête pas là. Les indices ne vous mentent pas seulement parce qu’ils ne tiennent pas compte des dividendes. Ils mettent aussi scandaleusement de côté l’inflation et la dévaluation des monnaies, qui vont de pair. En regardant le Dow Jones sur les dix dernières années, on pourrait se dire que la désormais fameuse « décennie perdue » n’a pas été aussi catastrophique pour les grosses capitalisations américaines.

Mais durant la même période le dollar a perdu plus de 35% par rapport au franc suisse. Au final vous auriez pu obtenir une rentabilité similaire avec moins de risques en investissant dans des obligations… Pire, en tenant compte de l’inflation depuis sa création en 1896, le Dow Jones végéterait aujourd’hui à seulement 450 ! On comprend dès lors l’intérêt de certains investisseurs pour le métal jaune.

Considérons maintenant la « vraie » valeur du Dow Jones, tenant compte à la fois des dividendes et de l’inflation. Cet indice théorique se situerait aujourd’hui à près de 47’000, ce qui est somme toute un exploit quand on connaît la faiblesse du billet vert. Les dividendes relativisent donc le besoin de couvrir son portefeuille avec de l’or.

Depuis 1871, le S&P affiche une rentabilité totale annuelle de 9.2%. L’inflation contribue pour un peu moins d’un quart de cette rentabilité (2,2% par an), tout comme la croissance réelle du capital (c.-à-d. des mouvements de prix ajustés de l’inflation). Quant aux « ennuyeux » dividendes de papy, réinvestis bien sagement année après année, ils ont contribué pour plus de la moitié du rendement total, soit 4.8% par an !

Finalement les indices de prix, ne montrent qu’une petite partie du tableau, et personne ne semble sans soucier. Le Dr. House avait raison: « Pourquoi mettre des télés dans les chambres des gens qui sont plongés dans le coma ? »

 Sources : http://bigpicture.typepad.com/comments/2007/05/where_have_sp50.html http://online.wsj.com/article/SB10001424052970204571404577257373285657442.html  http://blog.djindexes.com/index.php/with-or-without-the-impact-of-dividends-on-index-performance/