J'ai eu l'honneur et surtout le plaisir d'être le photographe de l'adaptation du classique de Marivaux,
"Le Petit-Maître Corrigé", mis en scène par José Lillo et vous invite à profiter des dernières représentations jusqu'au 19 août 2012 au Théâtre de l'Orangerie à Genève. Tous les détails (heures, réservations, distribution, etc ..) en cliquant ici . Sous la photo, et afin de vous faire une idée, vous trouverez deux chroniques parues dans la presse. En cadeau bonus, vous trouverez un entretien avec le metteur en scène José Lillo. A bientôt ! Juan Carlos
A l'Orangerie, la noblesse cherche ses marques
Le Courrier : Jorge Gajardo Muñoz
Le mariage d'Hortense et Rosimond est imminent. Le comte et la marquise, leurs parents, sont pressés de conclure un contrat qu'ils trouvent tous deux avantageux. La sono et la boule à facettes sont prêtes dans le salon, mais quelques signes indiquent qu'on temporise. La pièce montée attend sur un côté du plateau. Au centre, assise sur des caisses de vin empilées, Hortense rumine. Elle est déterminée à retarder la cérémonie, tant que Rosimond ne lui déclare pas son amour.
En écrivant Le Petit-Maître corrigé, en 1734, Marivaux confronte deux attitudes divergentes dans la noblesse de son époque. Face à la bourgeoisie montante, beaucoup de courtisans parisiens se distinguent par leur comportement maniéré, alors que les nobles les plus modernes concluent des alliances pour sauver leurs propriétés, composent avec les moeurs de la nouvelle classe sociale, et décorent les conventions du mariage aux couleurs de l'amour.
Rosimond et Hortense appartiennent à cette classe en décadence, qui cherche ses marques dans un temps qui lui échappe. Au grand soulagement des parents, ils finiront par se marier moyennant quelques sacrifices. Rosimond abandonne un peu de son arrogance, et Hortense consent à attendre encore le «je t'aime» qu'elle exige.
Pour monter cette oeuvre, le metteur en scène José Lillo a
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En amour, faut-il être ou paraitre?
La Tribune de Genève - Amanda Castillo
Hortense, demoiselle issue de la noblesse de province, est promise à Rosimond, un marquis parisien aux moeurs libertines. Avant de convoler, la jeune fille entend guérir ce «Petit-Maître» de toute velléité extraconjugale. Elle ignore cependant que celui-ci, trop fier, feint son indifférence et qu'il l'aime en secret. Mise en scène pour la première fois en 1734, cette comédie en trois actes soulève des interrogations toutes contemporaines. En effet, à l'instar de leurs aïeules, les femmes d'aujourd'hui essaient toujours de corriger, polir et transformer l'homme. Comme le résumait si bien en 2001 le journaliste Jean Dion: «Le drame réel est que la femme épouse l'homme en espérant qu'il va changer, et il ne change pas, alors que l'homme épouse la femme en espérant qu'elle ne changera pas, et elle change». ____________________________ Entretien avec José Lillo Après Buchner, Kleist ou Dostoïevski, vous choisissez de monter une des pièces les plus méconnues de Marivaux : Le petit-maître corrigé. Comment et pourquoi un tel choix ? Quand je pense à Marivaux je pense au théâââtre ! J'avais envie de questionner mon rapport au classique, à un auteur symbolique du théâtre « à la française ». Beaucoup de pièces de Marivaux étaient inenvisageables. Ou bien il suffisait de se souvenir de La dispute, montée par Patrice Chéreau, pour ne pas oser s'y risquer ; ou bien les pièces étaient trop historiquement marquées pour être portées à la scène, incompatibles avec le souci que j'ai de certaines « correspondances » avec le monde que nous habitons aujourd'hui. C'est l'histoire d'une beauté provinciale (Hortense) promise à un « précieux ridicule » de la capitale (Rosimond), qui entend bien « corriger » les grands airs de Monsieur, pour preuve de son engagement marital. Satire de la petite bourgeoisie narcissique, la pièce questionne cette « mise en scène de soi » souvent gage de superficialité et d'absence d'engagement ? notamment amoureux. Des pistes dramaturgiques que vous comptez exploiter ? Hortense va se marier. Ce n'est pas rien! Alors elle veut en avoir le coeur net: l'aime-t-il et se peut-il qu'il le lui dise « simplement », « vraiment ». Si ici c'est la province qui rééduque la capitale, c'est aussi la femme qui «corrige » l'homme ! Ce sont les femmes qui mènent le bal tout au long de la pièce. Et en cela, on peut dire que Marivaux était ultra-moderne ! Le petit-maître corrigé, c'est avant tout une histoire de « jeunes gens» d'hier et d'aujourd'hui, où la valeur et la tyrannie du look, de la mode, de la norme et du spectacle n'en finissent plus de traverser les siècles. | composé un espace inachevé et froid. Le décor contient le strict nécessaire pour faire du théâtre, mais rien pour entretenir l'illusion d'une belle fête. Ici, ce sont surtout les femmes qui se chargent de mettre de l'ambiance: Hortense (Elodie Bordas) et Marton (Julia Batinova), avec un mélange de gaieté et de gravité, puis Dorimène (Anna Pieri), qui occupe le plateau avec énergie. Conscientes que leur honneur est en jeu, elles oeuvrent à débarrasser Rosimond de ses couches de suffisance.