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Éditeur : Seuil - Date Parution : Janvier 2012 - 355 pages captivantes!
Août 1926. Chatham, Nouvelle-Angleterre, Henry Griswald est scolarisé à l’école de garçons dont son père est le directeur. Une nouvelle professeur Melle Channing arrive d’Afrique pour enseigner les arts plastiques. Elle est logée dans une maison isolée au lieu dit Noir-Etang. Très vite, Henry est fasciné par Mme Channing. En effet, la jeune femme a beaucoup voyagé avec son père. Un an plus tard, Chatham devient le décor de plusieurs décès.
Avertissement : on évite la quatrième de couverture qui en dit beaucoup mais vraiment beaucoup trop !
De Thomas H.Cook, j’avais lu les leçons du mal (billet en attente d’être rédigé un jour) et j’avais apprécié son écriture mais beaucoup moins l'histoire. Cette fois, l'étincelle s’est produite avec ce livre construit sur des flash back. En effet, l’histoire nous est racontée par Henry devenu un homme âgé et habitant toujours à Chatham qui renoue avec ses souvenirs. Dès le départ, nous savons qu’il y a eu un procès et des meurtres. Lesquels ? Nous le découvrons seulement à la fin. Par ses voyages, Melle Channing offre à Henry une vision de liberté. L’adolescent se sent étriqué dans sa vie et en vient même à détester peu à peu son père pour ses principes. Très vite, Mr Reed, professeur également, et Melle Channing passent du temps ensemble. Mais Mr Reed est marié et père d’une fillette âgée de quatre ans. Henry passe souvent voir Melle Channing pour lui montrer ses dessins et il se propose d’aider Mr Reed à la construction de son bateau. Il devient le témoin, un acteur passif de la relation qui se noue entre eux et pense de façon romanesque que Mr Reed et Mme Channing vont quitter Chatham et vivre leur amour. Il n’en sera rien.
Je m’étais imaginée une toute autre fin, peut-être plus spectaculaire car l’auteur distille au fil des chapitres des extraits du procès et surtout il nous « promet » des évènements tragiques. Et ce sera mon seul bémol car j’ai trouvé que qu’il y avait trop de ces répétitions qui néanmoins maintiennent le suspense mais alourdissent un peu l’ensemble. L’écriture est remarquable et ce livre est captivant par la psychologie des personnages et le contexte de l’époque qui sont très bien rendus! Tout au long de ma lecture, une question m’a taraudée : comment se fait-il qu’Henry qui aspirait à quitter Chatham y vive encore. La réponse est liée aux drames qui ont lieu ont brisé ses rêves d’adolescent laissant place à de l’amertume.
Une phrase me frappa à jamais : « La vie ne vaut d’être vécue qu’au bord de la folie ». Je me souviens qu’une exaltation farouche gonflait mon cœur à mesure que je lisais et relisais cette phrase dans ma chambre, et qu’il me semblait qu’elle illuminait tout ce que j’avais ressenti jusqu’alors. Aujourd’hui encore, je suis frappé de constater que nulles ténèbres n’avaient jamais surgi d’une flamme aussi vive.