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“Lady Vegas” de Stephen Frears

Publié le 12 août 2012 par Boustoune

Chalut les humains,

A force d’entendre partout que les chats noirs portent malheur, il fallait bien que ça se vérifie un jour. Hé bien, ça y est, je me porte la poisse à moi-même.
Je m’explique : J’ai joué à pile ou face le film que j’allais devoir regarder et chroniquer.
Pile, c’était Meurtre d’un bookmaker chinois, la reprise estivale d’un John Cassavetes dans un ciné du Quartier Latin. Face, Lady Vegas – les mémoires d’une joueuse, une des sorties de la semaine. Pas de bol! C’est tombé sur Face…

Lady Vegas - 5

En même temps, je pensais qu’il s’agissait d’un pari sans risque, un bon plan garanti. Le film avait quelques beaux atouts dans son jeu : un as de la mise en scène aux commandes, Stephen Frears, une paire de rois hollywoodiens, Bruce Willis et Vince Vaughn, une paire de reines elles aussi dotées de belles paires de… hum…, Catherine Zeta-Jones et Rebecca Hall, et un éternel valet de l’audiovisuel US, Joshua Jackson.
Raté! Tout ce beau monde, sans exception, se prend les pieds dans le tapis vert. Et la chute n’est pas belle à voir. Le résultat est une bouillie filmique devant laquelle je me suis ennuyé comme un rat mort – ce qui, pour un chat, est quand même un comble, vous en conviendrez – et qui, de plus, m’a profondément agacé.

Tout est horripilant dans ce film. La réalisation, l’interprétation des comédiens, les personnages – des crétins insupportables- et les situations absurdes dans lesquelles ils se vautrent… Bon, en même temps, ce ne peut être de la faute des scénaristes, puisqu’ils précisent dès les premières images que “ ce film est inspiré d’évènements réels”. Euh, les gars, ce genre de mention, ce n’est utile que si le récit qui suit sort de l’ordinaire, histoire de faire ressortir son côté tragique ou sa dimension épique. Là, franchement, on se tamponne le coquillard de savoir d’où sont issus ces personnages plus risibles les uns que les autres, et d’apprendre que leurs plates mésaventures sont vraiment arrivées à des gens dans la vraie vie.

Lady Vegas - 2

Tout est centré autour de Beth (vous avez le droit de prononcer “bête”, dans le sens “stupide” du terme), une stripteaseuse neuneu qui se rend compte un beau jour que danser à moitié nue dans des motels miteux ou des caravanes crasseuses pour des pervers asociaux n’est pas sans risque. Elle décide de tenter sa chance comme serveuse de bar à Las Vegas. La gourde est persuadée d’avoir l’idée du siècle. Elle ne réalise pas que des centaines de filles y ont déjà pensé avant elle et que celles-ci ne souhaitent pas vraiment qu’on leur pique leur place. Alors, elle se rabat sur un travail de bookmaker où elle jongle avec les cotes de paris sportifs pour le compte de Dink, une figure de ce milieu. Pendant la première moitié du film, elle ne trouve rien de plus intelligent à faire que de tomber amoureuse de son patron, qui est pourtant grossier, colérique et inconséquent. Ceci rend évidemment folle de jalousie la femme de Dink, une bourgeoise alcoolique et tyrannique (je vous l’ai dit, hein, ils sont moches les personnages…).
Quelques vains  crêpages de chignons plus tard, l’héroïne est virée et se retrouve à New York, où elle travaille avec Rosie, un autre bookmaker, clandestin celui-là. La cruche, évidemment, ne réalise pas que ce qu’elle fait est illégal, et que son nouveau patron est encore plus stupide que le précédent. Un de ses clients profite de sa naïveté pour la mettre dans une situation délicate, d’une part en ne payant pas ses dettes de jeu, et d’autre part en la menaçant de la dénoncer au FBI. AÎe… La nunuche n’a d’autre recours que de faire appel à Dink pour la tirer de ce mauvais pas.
Là, on s’attend à ce que la fine équipe monte une arnaque, plume le client indélicat et l’enfoiré de bookmaker. Mais non, rien de tout ça. Juste une banale discussion où Beth se fâche et hop, c’est fini. Passionnant, hein? Ca valait le coup de raconter tout ça dans une autobiographie, puis dans ce film. Waouh! Une belle leçon de vie…

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Inintéressant de par son scénario aussi lisse que le crâne de Bruce Willis, le film l’est aussi de par la mise en scène de Stephen Frears, d’une banalité effrayante, digne d’un mauvais téléfilm américain et indigne de la réputation du cinéaste anglais. Est-ce bien le même gars qui a signé des films comme My beautiful launderette, The Snapper, High fidelity ou Les arnaqueurs? Ce n’est pas un metteur en scène de génie, d’accord, mais il nous a quand même habitués à bien mieux, notamment au niveau de la direction d’acteur. Parce que là aussi, au secours!
Bruce Willis se la coule douce, (ridicule) en short et tongs, assurant le minimum syndical. Catherine Zeta-Jones en fait des tonnes dans le rôle de son épouse peau de vache mais finalement plus sympa qu’elle n’en a l’air, tout comme Vince Vaughn, en bookmaker sympa, mais finalement plus peau de vache qu’il n’en a l’air. Joshua Jackson ne sert à rien. Laura Prepon ne sert à rien. Plein d’autres acteurs ne servent à rien…
Et puis, il y a Rebecca Hall. Là aussi, on se demande comment une telle métamorphose est possible. S’agit-il bien de cette jeune actrice qui nous avait séduits dans Vicky Cristina Barcelona? Oui? Vraiment? Parce qu’ici, elle est insupportable! Si j’étais à la place de Beth Raymer, je lui intenterais un procès en diffamation pour la faire passer à ce point pour une débile profonde. Bon, cela dit, elle est peut-être réellement comme ça, la vraie Lady Vegas. Mais ce n’est pas une raison pour cabotiner à ce point, tout en minauderies, sourires niais et babillages stressants. A moins de vouloir rentrer dans le Hall of fame des performances d’actrices crispantes.

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Les spectateurs qui auront la malchance de visionner ce film penseront probablement comme moi. Je suis prêt à le parier. Là, je ne prends aucun risque, la cote est à mille contre un pour que ce truc obtienne le qualificatif de “navet”.

Bon, il faut que je vous laisse, je dois tirer au sort ma prochaine chronique. Pile, le remake de Total Recall, face, Sammy 2. Euh… La poisse, non?

Plein de ronrons,

Scaramouche

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Lady Vegas
Lady Vegas – les mémoires d’une joueuse
Lay the favorite

Réalisateur : Stephen Frears
Avec : Rebecca Hall, Bruce Willis, Catherine Zeta-Jones, Joshua Jackson, Vince Vaughn
Origine : Etats-Unis, Royaume-Uni
Genre : impair et passe
Durée : 1h33

Date de sortie France : 08/08/2012
Note pour ce film :

contrepoint critique chez : La Croix
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