François Hollande, pour mémoire : « Antisémitisme, colonisation, esclavage, etc., la France a bon dos ! »

Publié le 11 août 2012 par Raoul Sabas

Le 11 août 2012

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François Hollande, pour mémoire : « Antisémitisme, colonisation, esclavage, etc., la France a bon dos ! »

 

Parti socialiste

10, rue de Solferino

75007 Paris

Fax n° 01 47 05 15 78

[A l’attention de François Hollande, Président de la République, de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, des ministres Cécile Duflot, Christiane Taubira, Laurent Fabius, Manuel Valls, Michel Sapin, Pierre Moscovici, Stéphane Le Foll et Vincent Peillon, et des membres suivants du Parti socialiste, Annick Lepetit, Bertrand Delanoë, Claude Dilain, Dominique Strauss-Kahn, Élisabeth Guigou, François Patriat, François Rebsamen, Harlem Désir, Henri Emmanuelli, Jack Lang, Jean Glavany, Jean-Marie Le Guen, Jean-Pierre Chevènement,  Julien Dray, Lionel Jospin, Malek Boutih, Martine Aubry, Michel Rocard, Olivier Duhamel, Robert Badinter et Ségolène Royal]

« Tout va bien chers amis. Magnifique discours du Président pour la commémoration de la rafle du Vel d’hiv. Très émouvant. » [Valérie Trierweiler, Twitter, 22 juillet 2012]

Mesdames, Messieurs,

La sempiternelle mise en accusation de la France durant les trente dernières années, très précisément depuis le premier septennat de François Mitterrand, au nom d’un passé révolu de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles, exige de ses citoyens une repentance dont ils ne peuvent mais, et qui termine toutefois dans l’incohérence et nombre de contradictions, puisque se fondant seulement sur l’uchronie.

Ce procédé intellectuellement et philosophiquement malhonnête consiste en effet à refaire en pensée l’Histoire, telle qu’elle aurait pu être et qu’elle n’a pas été. Ceci permet à des « vertueux autoproclamés », en l’occurrence les successeurs de François Mitterrand, de jeter l’opprobre sur les Français en général, puisque censés incarner l’entité France éternelle.

Ainsi, venant après celui de Jacques Chirac en son temps, le discours de François Hollande commémorant la rafle du Vel d’hiv de 1942 l’illustre à sa manière, puisque sa condamnation moralisatrice évoqua une France terre d’asile et des droits de l’homme, alors que seule leur inobservation est réellement universelle – sauf encore à vous-mêmes ou à quiconque, évidemment, de démontrer le contraire à l’aune du devenir du monde, depuis plus de six décennies, faute d’y être parvenu jusqu’ici !

Or ces jugements uchroniques sur fondement moralisateur appellent à la rescousse rien moins que l’Idéal et son succédané censé pouvoir le transposer dans la réalité quotidienne, à savoir le catéchisme prétendument universel, ou Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, alors que celle-ci est postérieure aux faits moralement condamnés aujourd’hui en son nom.

D’aucuns pourraient d’ailleurs se demander, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, pourquoi François Mitterrand, qui avait personnellement très bien connu cette période, n’avait pas jugé utile de condamner moralement l’État français en public, à l’exemple de Jacques Chirac, hier, voire la France elle-même comme François Hollande.

La mauvaise foi et les intérêts égoïstes n’y sont pas pour rien, car nul ne peut prétendre ignorer aujourd’hui le parcours de François Mitterrand se précipitant à Vichy dès son retour du stalag, et récompensé de la francisque pour bons et loyaux services envers le Maréchal – sinon pourquoi ? ! Qui d’ailleurs l’ignorait, en 1981, parmi les caciques socialistes mis en exergue ici, mais volant néanmoins à son secours pour en tirer profit, fut-ce au prix d’un coupable silence complice?

Or la France de 1943 était tout sauf la France éternelle, puisqu’une autre France, non-capitularde mais résistante, se trouvait à Londres, et rien n’empêchait donc François Mitterrand de la rejoindre, ce qui devrait suffire à faire taire les condamnations des moralisateurs d’aujourd’hui, adorateurs de Mitterrand en son temps.

Du reste, qu'auriez-vous fait de plus à l'époque, vous les « vertueux » d'aujourd'hui, à la place du Maréchal et de sa police, pour protéger les juifs, alors que les chars de l'ennemi stationnaient dans les jardins de l'Élysée ? Dur, dur de vouloir récrire l'Histoire sur fondement d'uchronie !

Au cas où vous l'ignoreriez, il ne faudrait pas non plus oublier que des juifs de l'UGIF ont dénoncé d'autres juifs pour de sordides questions d’intérêt, sans encourir de sanctions pour autant, hormis des blâmes, comme l'a rappelé Jacques Vergès, lors du procès de Klaus Barbie - vous avez dit antisémitisme ? Oui, comme peut aussi bien l'illustrer la profanation, en Israël, des tombes de trois juifs illustres, Theodor Herzl, Ben Gourion et Ythzak Shamir ainsi que les croix gammées taguées sur les murs du mémorial Yad-Vashem à Jérusalem.

Vous vous gardez bien également d'insister sur le fait que l'antisémitisme d'aujourd'hui en France est majoritairement le fait de maghrébins, comme en témoignent la déclaration suivante faite sur France 5, au cours de l’émission C dans l’air, par le directeur d’une école juive parisienne affirmant que 95 % des agressions subies par ses élèves étaient le fait de musulmans, et les récents évènements tragiques provoqués par Mohamed Merah.

J’attends d’ailleurs avec curiosité de voir quelle sera votre action pour éradiquer cet antisémitisme dû à la persistance du conflit entre ces communautés au Moyen-Orient, depuis plus de soixante ans, dont nul n’est en mesure de prévoir l’issue.

Cette même culpabilisation continue à peser sur la France et les Français au nom d’évènements séculaires, période coloniale et esclavage, dont semblent être à l’abri d’autres États et peuples européens, Angleterre, Espagne et Portugal notamment, du moins si j’en juge par le silence des quotidiens espagnol et portugais, auprès desquels j’avais cherché confirmation.

Ainsi, faute de ne jamais en débattre, notre époque obscurantiste s’obstine à croire, et à faire croire, qu’une quelconque chose humaine, fut-ce la période coloniale, ne pourrait présenter que des inconvénients et aucun avantage, alors que, dans notre monde relatif, TOUT présente, à la fois, du pour, du positif, des « avantages », et du contre, du négatif, des « inconvénients », entre lesquels tranchent seulement les intérêts égoïstes partisans des individus et des groupes d’individus.

Et en matière de colonisation, même ces grands républicains, Jules Ferry et Gambetta en l'occurrence, furent aussi des partisans de l'expansion coloniale, ce que François Hollande devait ignorer lors de son investiture, en rendant hommage au premier. En effet, cet apôtre de la laïcité fut aussi l'un des principaux artisans de l'expansion coloniale française en Tunisie, Annam, Tonkin et Congo, au point qu'Ernest Lavisse put écrire dans son manuel d'Histoire : « La France doit l'accroissement de son domaine colonial à un grand patriote, M. Jules Ferry.».

A SUIVRE...