L’éternelle insatisfaction de l’homme

 Retour sur une des caractéristiques essentielles de l’homme qui a, en partie, permis l’émergence de technologies dont nous nous servons au quotidien.

L’histoire de la science montre que l’homme a toujours été poussé par le progrès. En effet la volonté de compréhension du monde qui l’entoure et d’améliorer son niveau de vie l’ont orienté vers ces recherches. Cependant, trois étapes ou trois types de découvertes scindent l’évolution des hommes et des techniques.

La première étape ou premier type consiste à se prémunir contre l’insécurité voire la mort. La découverte du feu pour se protéger du froid et des animaux sauvages et l’invention des divers vaccins pour éviter la contagion par les maladies et une mort précoce en sont des exemples. La deuxième étape dans la recherche du progrès vise à améliorer le confort de la vie quotidienne. La construction de la roue et de la voiture pour se déplacer, du télégraphe pour communiquer à distance correspondent exactement à ce type d’inventions scientifiques.

La dernière étape, beaucoup plus actuelle, est celle de l’apparence et du superflu. Elle est constituée de la combinaison d’outils utiles déjà existants associés à des accessoires nouveaux souvent inutiles à la performance et l’efficacité de l’appareil. C’est le cas de nombreuses applications pour téléphones portables, gadgets par excellence, qui n’apportent aucune fonctionnalité inexistante auparavant. On connaît des inventions scientifiques des deux premiers types à toutes les époques mais les inventions superflues sont le monopole de notre époque.

Pourquoi cet engouement pour la technologie superflue ?

Le développement de cette économie de l’accessoire s’explique d’abord par la facilité plus grande des chercheurs à explorer de nouveaux domaines. De fait les scientifiques ont aujourd’hui suffisamment de moyens pour s’intéresser à de nouvelles questions différentes de celles déjà ou en partie résolues du type « qu’est-ce que l’énergie et comment la produire ? », « qui sommes-nous ? » qui ont jalonné l’histoire de l’Humanité, de la physique et de la biologie. Néanmoins la raison principale de cette évolution est que l’homme se caractérise par un fort intérêt économique. Il est, selon la dénomination de nombreux économistes, un homo economicus.

L’homo economicus est rationnel et veut donc toujours plus. Les producteurs de biens de consommation ont d’ailleurs bien compris ce trait essentiel des consommateurs et l’exploitent du mieux qu’ils le peuvent en commercialisant de nouvelles versions − améliorées ou non − d’un produit devenu classique. En ce sens la marque Apple a parfaitement suivi ce filon avec les sorties successives des Iphone, Iphone 2, puis 3 et enfin le dernier modèle, l’Iphone 4.

L’intérêt pour la nouveauté se manifeste aussi sur d’autres marchés tels que celui du prêt-à-porter ou encore celui du mobilier. En effet les marques de vêtements ont maintenant coutume de sortir de nouvelles collections dans leurs boutiques plusieurs fois par mois voire plus souvent afin de pousser les consommateurs à acheter plus fréquemment.

Dans le secteur du mobilier la tendance de consommation semblerait identique à celle du marché du prêt-à-porter. On ne cherche plus, aujourd’hui, à acheter un meuble qui durera une cinquantaine d’années mais plutôt un qui tiendra le choc pendant moins d’une dizaine d’années. De cette manière les fabricants de meubles haut-de-gamme ont perdu une partie de leur part de marché au profit de fabricants de mobilier plus bas-de-gamme ou en tout cas meilleur marché. L’essor d’Ikea et sa conception révolutionnaire du meuble à monter soi-même et pour les petits budgets est en partie dû à ce changement dans le mode de consommation.

L’évolution des découvertes et inventions scientifiques motivées par les besoins puis les intérêts des hommes révèle donc une certaine insatisfaction chez ceux-ci, insatisfaction amplifiée par la multitude d’objets et d’outils fabriqués grâce à la science et mis à leur disposition grâce au commerce et à l’économie mondialisée.

M.F.