Une Femme
de Annie ERNAUX
Folio,
2011, p. 106
Première Publication : 1987
Pour l'acheter : Une Femme
Annie Ernaux, née Annie Duchesne le 1er sept.
1940
à Lillebonne, est une écrivaine française,professeure de lettres de profession. Son œuvre
littéraire, pour l'essentiel autobiographique,
entretient des liens ténus avec la sociologie.
Wikipédia.
uite à la mort de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer, Annie Ernaux éprouve le besoin d’écrire sur elle et de revenir sur les différents moments de sa vie. C’est une manière de faire son deuil et de ressaisir une dernière fois par le souvenir les images successives qu’elle a eues de cette femme, c’est aussi une façon d’apprendre à réapprivoiser un monde dans lequel elle n’est plus.
nnie Ernaux. Je connaissais l’auteure de nom mais je n’avais jamais vraiment pensé à la lire. Mais, en vacances chez mes parents et presque à court de munitions livresques, je suis allée piocher dans la bibliothèque parentale. Ma petite Maman a lu Une femme - ainsi que Je ne suis pas sortie de ma nuit, de la même auteure - en rapport avec une de ses formations et plus généralement en rapport avec son travail auprès des personnes âgées. Je savais donc qu’il était question de la maladie d’Alzheimer… et c’est tout.
En fait, Une femme, c’est beaucoup plus que ça et la maladie n’apparaît que dans les toutes dernières pages. Comme quasiment toujours avec la littérature contemporaine, j’ai lu ce titre sans déplaisir, mais je n’ai pas non plus trouvé là, un texte extraordinaire. Une lecture grave, intéressante ; mais pas inoubliable.
J’ai cru comprendre que Annie Ernaux avait fait de la biographie et autobiographie sa spécialité. Une femme ne déroge pas à la règle puisque, à travers le récit de la vie de sa mère, l’auteure s’attarde également sur son propre passé et ses propres émotions.
Le livre s’ouvre sur la mort de cette « femme ». L’enterrement passé, Annie Ernaux remonte le temps et retourne en Normandie où sa mère, avant d’être mère, fut enfant, adolescente, jeune femme, épouse, travailleuse increvable… L’auteure s’attarde également sur son enfance à elle, auprès de cette femme qui faisait passer le client de l’épicerie familiale avant tout et qui lui faisait honte, alors qu’adolescente, elle fréquentait des jeunes gens de son âge plus fortunés, mieux éduqués… Cette femme extraordinaire que le temps a finie par rattraper malgré sa vigueur et qui, alors qu’elle avait toujours été alerte et active, la condamne aux pertes de mémoire, à la désorientation, aux subites colères face à l’incapacité, au retour à l’enfance… Et Annie Ernaux, témoin du déclin de sa mère, préfère garder en mémoire l’image de cette femme forte et déterminée, plutôt que celle de cet être sanglé dans un fauteuil pour éviter une chute…
C’est un texte court, mais c’est un texte assez intense, surtout lorsqu’on arrive aux dernières pages et à la maladie d’Alzheimer. Si vous avez un minimum d’empathie, vous ne pourrez qu’être touchés par le devenir de cette femme battante. Mais attention au moral, le sujet est lourd.
Je m’attendais à un texte complet sur la maladie d’Alzheimer alors j’ai d’abord été désappointée en constatant qu’avant d’en arriver là, j’allais découvrir toute la biographie de la mère de Annie Ernaux.
Finalement, je ne suis pas déçue par cette découverte même si elle ne correspond pas tout à fait à ce que j’espérais. A l’occasion, je lirai Je ne suis pas sortie de ma nuit, autre texte de l’auteure dédié à sa mère qui, lui, cette fois, est entièrement consacré à la maladie.
Annie Ernaux fait revivre sa mère par les mots. Une femme ouvrière et simple et donc un style simple et épuré. Je ne retire pas grand-chose de la plume, mais sur le moment, j’ai été happée par la douleur de l’auteure face à son deuil et j’ai été très sensible aux derniers passages. Annie Ernaux parvient à émouvoir avec simplicité, sans artifices.
Une femme ne me semble pas être un indispensable de la lecture contemporaine. Malgré tout, il offre un émouvant témoignage autobiographique et me pousse à lire autre chose de Annie Ernaux. Pari quasiment réussi, donc !
"Aussitôt le sentiment de sa mort me submerge, je suis dans le vrai temps où elle ne sera plus jamais. Dans ces conditions, "sortir" un livre n'a pas de signification, sinon celle de la mort définitive de ma mère. Envie d'injurier ceux qui me demandent en souriant, "c'est pour quand votre prochain livre ?"."
"Je ne voulais pas qu'elle redevienne une petite fille, elle n'en avait pas le droit."