LONDRES (Reuters) – La Jamaïque est sur le toit du sprint mondial et tout là-haut règne sans partage Usain Bolt, premier homme à conserver ses deux titres du 100 m et du 200 m olympiques jeudi à Londres.
Le désormais quadruple champion olympique individuel annonçait un record du monde du demi-tour de piste si le temps le permettait: il n’y en eut pas, et le Jamaïcain est si exceptionnel que le public se surprenait à faire la fine bouche pour un 19″32 à nouveau stratosphérique.
Là-haut, Usain Bolt n’est plus vraiment tout seul. Comme sur 100 m, son ami et rival Yohan Blake le talonne, et son 19″44, s’il n’approche pas son 19″26 de l’an dernier, reste sa meilleure marque de la saison, ponctué d’une deuxième médaille d’argent finalement attendue.
Ce qui l’était moins, c’est la troisième place du petit Warren Weir, 22 ans, qui semblait tout perdu à l’arrivée, coincé entre le Monstre Bolt et la Bête Blake et profondément ému de cette médaille de bronze, nantie d’un record personnel à 19″84.
Carton plein pour la Jamaïque, emmenée par son pistolero magique et des miettes pour les autres.
Médaillé de bronze mondial sur la distance à Daegu, Christophe Lemaitre n’avait pas sa place dans cette célébration grandiose, avec trois jours de retard, du cinquantenaire de l’indépendance de la Jamaïque.
LEMAITRE S’EN VEUT
Sixième en 20″19, le Français avait accumulé trop de handicaps en demi-finales pour pouvoir les surmonter le soir de la finale.
Coincé au couloir 2, le plus mauvais possible, le champion d’Europe n’a jamais pu se mêler à la fête et n’a plus que le relais 4×100 m pour tenter de sauver des Jeux mi-figue mi-raisin.
Une consolation que n’auront pas les sprinteuses tricolores, disqualifiées de leur série pour un passage de témoin hors zone.
La troisième place de Christophe Lemaitre dans sa série la veille, en un bien meilleur 20″03, avait révélé les limites actuelles du coureur d’Aix-les-Bains, à la peine dans le virage et sanctionné à l’ultime épreuve de vérité olympique.
L’heure était au mea culpa.
« Je n’ai pas fait ce qu’il fallait. J’ai essayé de faire ce que je pouvais pour bien gérer. Le couloir m’a mis dans une position plus inconfortable, mais on ne va pas dire non plus que j’aurais fait la médaille parce qu’on ne pourra jamais savoir », a-t-il concédé
« C’est de ma faute (d’avoir eu ce couloir) parce que je n’ai pas joué le coup à fond pour la demie. J’ai eu ce que je méritais pour la finale. »
Un peu moins dominateur peut-être qu’à Pékin, Usain Bolt a néanmoins terminé sa séance du soir par une série de pompes sur la piste de Stratford, comme pour dire : même pas fatigué…
« Je n’ai plus rien à prouver. J’ai démontré que j’étais le meilleur. Je voulais vraiment battre le record du monde, mais c’était plus dur que je le pensais », a-t-il dit.
RUDISHA NOUVEAU COE
C’est bien sûr le phénomène de Kingston que les 80.000 spectateurs du Stade olympique étaient venus voir. Mais c’est le Kenyan David Rudisha qui lui a – presque – volé la vedette en réinventant le 800 mètres pour devenir le premier homme sous les 1’41″ sur la distance.
L’homme qui court ses deux 400 mètres presque aussi vite l’un que l’autre avait préparé son coup : « Je savais que les gens étaient venus voir Bolt en raison de tous les exploits qu’il a réalisés aux Jeux olympiques. C’était un grand honneur de courir le même soir que lui et je m’étais dit que si je pouvais faire quelque chose de bien, ce serait génial. »
Et ce le fut.
Sous les yeux de Sebastian Coe, le meilleur coureur de 800 mètres de l’histoire jusque-là, David Rudisha a été sacré champion olympique en 1’40″91.
Pour s’imposer devant le Botswanais Nijel Amos, crédité d’un brillant 1’41″73 et son compatriote Timothy Kitum (1’42″53), le Kenyan de 23 ans a tenu de bout en bout les rênes du 800 le plus rapide de l’histoire, puisque le dernier, le Britannique Andrew Osagie, était crédité d’un excellent 1’43″77.
Président du comité d’organisation de ces Jeux de Londres, Sebastian Coe avait été le premier homme sous les 1’42″ en 1981, avec un temps de 1’41″73 qui est exactement celui réussi par le médaillé d’argent du soir.
Mouchés en sprint, les Américains ont cependant pris leur revanche au décathlon, logiquement revenu au favori Asthon Eaton avec 8.869 points tandis que Christian Taylor s’adjugeait le triple saut à 17,81 m.
Edité par Simon Carraud
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