COVENTRY, Angleterre (Reuters) – L’équipe de France féminine de football a vécu un scénario cruel jeudi aux Jeux de Londres, ratant la médaille de bronze olympique sur un but du Canada à la toute dernière minute (1-0), une défaite amère qui la laisse à nouveau au pied d’un podium.
Près d’un an après le Mondial en Allemagne, conclu aussi sur une quatrième place, les protégées de Bruno Bini ont vécu le même cauchemar après avoir dominé l’essentiel de la partie face aux Nord-Américaines.
Leur bourreau s’appelle cette fois Diana Matheson. Alors que tout le stade de Coventry pensait avoir droit à une prolongation, la milieu de terrain canadienne a endossé l’habit du matador en propulsant le ballon au fond des filets à la 92e minute de jeu.
« Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? », a soupiré Bruno Bini.
C’est par cette question fermée que le sélectionneur de l’équipe de France a donné le coup d’envoi de sa conférence de presse d’après-match.
« Livrer une analyse maintenant, à chaud, je n’en suis pas capable. On vient juste de prendre un énorme coup de bambou sur la tête », a-t-il concédé.
« Tout ce que je peux vous dire, c’est que les filles ont été supérieures aux Canadiennes de la première à la dernière minute (…) Voilà, c’est comme ça, maintenant il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer. »
Des trémolos dans la voix, le verbe difficile, Sonia Bompastor est allée un peu loin en décrivant « une fin de tournoi cruelle avec le pire des scénarios ».
« C’est tellement du gâchis. On a une belle génération, pleine de talent et ça commence à devenir vraiment très énervant de finir quatrième », a estimé la joueuse de l’Olympique Lyonnais.
En refaisant le film du match, la prestation des Bleues ressemble pour beaucoup à celle livrée lundi à Wembley, en demi-finale contre le Japon, avec une propension « rageante » à ne pas savoir concrétiser leurs multiples occasions.
Pour celles qui vont donc rentrer bredouilles à Paris après avoir rêvé de l’or puis, à défaut, du bronze, les regrets seront légion au sujet de cette « petite finale » du tournoi féminin, délocalisée à Coventry, à environ 150 km au nord de Londres.
UN POTEAU ET UNE BARRE TRANSVERSALE
Après un premier quart d’heure timide et maladroit, les deux équipes préférant s’observer plutôt que s’exposer, les Bleues ont en effet pris le jeu à leur compte en emballant le rythme de la rencontre, partie sur des bases très faibles.
Plus techniques que leurs adversaires, les Françaises se sont alors mises à construire, à combiner et à planter les premières banderilles dans la défense canadienne, notamment à l’initiative d’Elodie Thomis.
Après un retourné manqué au point de penalty (21e), la joueuse de l’OL s’est illustrée à peine six minutes plus tard en filant en contre-attaque, bien lancée dans la profondeur par une déviation de la tête de Marie-Laure Delie.
Au grand dam de ses coéquipières, l’attaquante de poche a alors perdu son face-à-face avec la gardienne canadienne, ne parvenant pas à ouvrir assez son pied (27e).
Dominatrices dans le jeu, les Bleues ont beaucoup fait bouger leurs adversaires en première mi-temps en les sevrant de ballons mais à chaque action dangereuse, la précision du fameux « dernier geste » a commencé à leur faire cruellement défaut.
Au retour des vestiaires, les Françaises ont poursuivi leur stratégie d’usure de la défense canadienne, qui sans une parade réflexe de sa gardienne à la 49e minute, aurait encaissé un but sur une frappe vicieuse de Louisa Necib.
Si fringantes contre les Etats-Unis en demi-finale, battues seulement d’un cheveu au bout de la prolongation, les Nord-Américaines sont par la suite sorties indemnes de deux situations brûlantes: un poteau de Gaëtane Thiney (63e) et une barre transversale d’Elodie Thomis (64e).
Dynamisées par les entrées à l’heure de jeu de Camille Abily et d’Eugénie Le Sommer, deux joueuses qui avaient déjà beaucoup pesé en fin de rencontre contre le Japon, les Bleues ont continué à pousser, presser, s’exposant toutefois à des contres dangereux, souvent neutralisés par Wendie Renard.
Mais incapables de concrétiser cette domination, les Françaises ont fini par payer le prix de leur manque de réalisme, en encaissant le but assassin de Diana Matheson.
Assommées, sonnées et étourdies par cette fin de rencontre au goût d’inachevé, certaines joueuses sont restées de longues minutes prostrées sur la pelouse, incapables d’encaisser cette incommensurable déception.
Edité par Jean Décotte
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