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L’auteur :
Victoria Hislop née Victoria Hamson est un écrivain britannique. Elle a travaillé comme journaliste avant de devenir auteure. Son premier roman, "the island" a été un véritable bestseller au Royaume uni. (Source : Babélio)
L’histoire :
Saga familiale bouleversante et vibrant plaidoyer contre l'exclusion, ce roman d'évasion plein d'émotion et de suspense nous emporte sur une île au large de la Crète, Spinalonga, l'île des lépreux.
Alexis, une jeune Anglaise, ignore tout de l'histoire de sa famille. Pour en savoir plus, elle part visiter le village natal de sa mère en Crète. Elle y fait une terrible découverte : juste en face du village se dresse Spinalonga, la colonie ou l'on envoyait les lépreux... et ou son arrière-grand-mère aurait péri.
Quels mystères effrayants recèle cette île des oubliés ? Pourquoi la mère d'Alexis a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la bouleversante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets... (Quatrième de couverture)
Ce que j’ai aimé :
Le fond historique : l’histoire de cette île transformée en léproserie dans les années 1900 est véridique.
« La même année (1903), le jeune gouvernement crétois décide de faire de l'îlot de Spinalonga
"une léproserie ou une colonie de lépreux", c'est-à-dire un refuge obligé rassemblant tous des lépreux vivant épars dans les diverses régions de la Crète (puis plus tard de toute la Grèce),
cachés dans des grottes et des cabanes de fortune ; cette déportation avait comme but d'améliorer leurs conditions de vie.
Les édifices et les ruines
des bâtiments vénitiens et les demeures turques qui se trouvaient sur l'îlot de Spinalonga furent utilisés pour construire des habitations afin d'héberger les malades et les soignants, puis la
mosquée turque fut convertie en hôpital, et le bastion vénitien "Dona" en cimetière ; enfin, en 1939, une route fut aménagée sur l'ensemble du périmètre de l'îlot. Le personnel soignant de la
léproserie comportait un médecin, puis des infirmiers et des aides-soignants ; un surveillant et un abbé faisaient partie du personnel nécessaire sur l'îlot.
Les conditions de vie sur Spinalonga pour les lépreux déportés de la Crète, puis la Grèce, étaient au début de l'ouverture de la léproserie, très difficiles :
*Le manque d'eau et de nourriture, car les malades étaient tributaires des apports de ces éléments nécessaires à la vie provenant de la Crète.
*Durant les quatre premières années de l'ouverture de léproserie, il n'y avait pas de médecin, et les lépreux furent obligés de se soigner eux mêmes.
Les lépreux, devant l'isolement et la dure existence qu'ils menaient
sur l'îlot de Spinalonga, montrèrent un courage surhumain en s'acharnant à utiliser tous les moyens disponibles, humains et matériels, afin d'améliorer leurs conditions de vie ; ils restaurèrent
les demeures turques abandonnées ; remirent en service le système d'irrigation vénitien, installèrent un système permettant de récolter et stoker l'eau de pluie. En effet l'eau était un élément
très important pour vivre et pour soigner les lésions cutanées et muqueuses de leur maladie qui exige, pour limiter son aggravation, une hygiène corporelle sans faille et le port de linges et
vêtements propres en permanence. Les lépreux de Spinalonga chauffaient l'eau sur le feu de bois et lavaient leurs linges en vêtements dans les lavoirs déjà conçus par les
Turcs.
La soif de vivre des lépreux sur Spinalonga était plus forte de que ce peut apporter leur maladie de désespoir devant la douleur, les mutilations corporelles et la mort, alors pour que leur existence ressemble à la vie de tout le monde, les historiens rapportent l'apparition sur l'îlot, de petits jardins, de vergers et de potagers autour des maisons ; certains malades pratiquaient l'élevage de poules et de chèvres ; des petits commerces voient le jour, puis un barbier, et ensuite une coiffeuse ; quelques tavernes dont une fut utilisée pour des activités culturelles, des spectacles de théâtre d'ombre et de la compagnie théâtrale de l'îlot ; des soirées dansantes et des projections de films. Vers le milieu des années trente, un générateur fut installé sur Spinalonga afin de fournir l'électricité à tous les foyers de la léproserie.
En 1937, l'état grec construit un nouvel hôpital sur l'îlot de Spinalonga dans lequel des médecins venant d'Athènes et de la Crète soignaient les malades ; puis en 1947, deux nouveaux immeubles furent édifiés afin de recevoir de nouveaux malades.
Des mariages eurent lieu dans la léproserie de Spinalonga ; plus de vingt enfants ont été mis au monde sur l'îlot, que l'état grec recueillait dans une crèche à Athènes.
En 1954, Spinalonga a pris le nom de "Calédonie".
Le gouvernement grec décida de fermer défensivement la léproserie en
1957 et les trente derniers lépreux de Spinalonga furent transférés dans un hôpital d'Athènes. » (source : Aly
Abbara)
L’auteur a cherché à créer une histoire familiale autour de cette léproserie et l’ensemble est plutôt cohérent, même si Victoria Hislop n’évite pas quelques écueils :
Ce que j’ai moins aimé :
Il est évident qu’il est difficile pour les lépreux exilés sur l’île d’être séparés des leurs, coupés du monde, ne pouvant se permettre aucun contact avec leurs proches. Pourquoi donc l’auteur a-t-elle souhaité surenchérir en abusant du pathos ? La situation était assez explicite d’elle-même…
Les intrigues sentimentales sont très présentes, coups de foudre à répétition, trahisons, infidélités, tromperies, passion, sont les ingrédients du récit.
« De son côté, le médecin pensait à Maria. Réussirait-il à attendre le mercredi suivant pour la revoir ? Sept jours. Cent soixante-huit heures. » (p. 325)
Le style assez plat déçoit enfin le lecteur, qui pourra finalement se laisser saisir par ce roman facile, mais qui doit passer son chemin s’il recherche davantage de consistance…
Premières phrases :
« Un vent automnal s’engouffrait dans les rues étroites de Plaka, et des bourrasques glacées enveloppaient la femme, engourdissant son corps et son esprit sans réussir à apaiser son chagrin. Comme elle peinait à parcourir les derniers mètres qui la séparaient de l’appontement, elle s’appuya de tout son poids sur son père. Sa démarche évoquait celle d’une petite vieille transpercée par la douleur à chaque pas. Une douleur qui n’était pas physique, cependant. Son corps était aussi robuste que celui de n’importe quelle jeune femme ayant respiré toute sa vie le pur air crétois, sa peau aussi lisse et ses yeux d’un marron aussi profond que ceux de toutes les habitantes de l’île. »
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D’autres avis :
Blogs : Cynthia
Presse : sur le site de l’éditeur
L’île des oubliés, Victoria Hislop, traduit de l’anglais (GB) par Alice Delarbre, Les Escales, mai 2012, 431 p., 22.50 euros