L’Etat, c’est quoi ?

Publié le 09 août 2012 par Egea

L’État est d’une certaine façon un mème : il est bien sûr une réalité, mais aussi un concept qui passe et se transforme selon les perceptions de tout un chacun. Je n’ai ainsi probablement pas la même perception de ce qu’est l’Etat que vous-même, lecteur. Aussi, un petit essai de définition paraît utile, dans une perspective géopolitique.

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Selon le sociologue Max Weber, l’Etat détient le monopole de la violence légitime. Pour les juristes, il s’agit des pouvoirs publics exerçant leur souveraineté sur un territoire donné. Que tirer du croisement de ces deux définitions ?

Tout d’abord la notion de pouvoir : l’Etat, c’est un pouvoir qui peut donc s’exercer sur des individus. Ceux-ci sont soit des sujets (cas des dictatures où les dits individus n’ont pas place dans la désignation de ce pouvoir) ou des citoyens (cas des démocraties où les individus ont part à la désignation des détenteurs du pouvoir).

Ensuite, la notion de souveraineté : ce que Weber appelle le monopole de la violence et qui signifie qu’il n’y a pas d’autres pouvoir qui dispute, sur ce territoire, ce pouvoir. Cette violence monopolisée utilise plusieurs instruments : armée, police, douane, fisc dans un premier temps.

Cette violence est légitime : chacun admet donc la souveraineté de l’Etat sur le dit territoire, qu’il s’agisse des individus qui l’habitent, ou des extérieurs. C’est d’ailleurs parce que c’est leur Etat (quelle que soit sa forme politique) que les habitants dudit territoire disent qu’il est « public » (pouvoirs publics), public signifiant qu’il appartient à tous, qu’il est partagé.

Car en effet, cette souveraineté s’exerce sur un territoire donné, distinct donc des autres territoires, qui obéissent eux-mêmes à d’autres Etats : cela explique la notion de frontière, qui est une ligne de démarcation entre deux souverainetés. Ainsi s’explique que cette souveraineté intérieure (reconnue par les habitants) soit également une souveraineté extérieure (reconnue par les autres Etats) et que la légitimité soit elle aussi double.

La souveraineté légitime de l’Etat entraîne donc l’organisation de fonctions annexes, apparue avec les Etats modernes qui se sont peu à peu éloignés de l’Etat providence d’origine (et décriées par les libéraux) : ce peut être l’éducation, les infrastructures, la régulation économique, l’aménagement du territoire, la sécurité sociale, les aides sociales, la culture… Pour remplir toutes ces activités, l’Etat a besoin d’une administration et donc de budgets pour payer les fonctionnaires et les activités. L’Etat est donc constitué de la sphère publique, par opposition à la sphère privée.

O. Kempf