Chacun cherche son chien.
Sur Arte hier soir, il y avait, tard, Wendy et Lucy, un film qui n’avait l’air de rien.
On pouvait passer à côté du film, ou s’endormir devant, tant l’intrigue est mince, tant les actions sont rares. On peut résumer l’ensemble à ceci : une jeune fille en route vers l’Alaska en voiture, perd son chien sur le parking d’une supérette en Oregon.
Seulement voilà, la jeune fille c’est Michelle Williams, et son jeu juste et subtil qui traverse à peine ses yeux tristes suffit à captiver. Elle est seule, sans argent, bientôt en panne, perdant la seule chose qui compte à ses yeux : son chien. La moindre action, se laver, manger, se déplacer, dormir, devient difficile, voire dangereuse. Les gens qu’elle rencontre sont plus ou moins aimables sou concernés. C’est une Amérique profonde et creuse que nous montre Kelly Reichardt, prise en photographie dans cet instant suspendu que devient ce road-movie en panne. Une Amérique verrouillée par ses lois et l’individualisme ; quelques bouffées d’air et d’espoir apparaissent toutefois, permettant d’éviter un pessimisme facile. Wendy et Lucy est un film modeste, mais juste et du coup, profondément touchant.