Qu'est-ce que l'agroforesterie ?
L'agroforesterie consiste à planter des arbres au milieu des cultures. L'arbre est ainsi replacé au coeur du système de production : les cultures et l'arbre n'entrent pas en compétition mais au contraire utilisent les ressources naturelles de manière complémentaire. L'agroforesterie présente des intérêts à l'échelle de la parcelle agricole mais également à une échelle territoriale plus large : paysage, biodiversité, adaptation au changement climatique, etc.
Le sylvopastoralisme est l'une des formes les plus anciennes d'agroforesterie. C'est un mode de gestion des milieux naturels qui a recours à l'élevage extensif (pâturage) pour entretenir un équilibre entre la forêt et les prairies.
L'agroforesterie et le sylvopastoralisme sont ainsi deux exemples de système agricole où l'herbe, les arbres et les animaux sont associés.
L'agroforesterie se pratique déjà traditionnellement en Normandie avec les prés-vergers, dans le sud de la France où oliviers et vigne cohabitent dans les parcelles agricoles, ou encore en Dordogne avec les noiseraies. L'idée de décloisonner la forêt, de mettre les arbres au milieu des champs n'est donc pas nouvelle, mais elle est remise au goût du jour.
Qu'est-ce que "Le club des 100 quintaux" ?
Il regroupe les céréaliculteurs qui atteignent ce rendement de blé à l'hectare.
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Vous vous intéressez de près aux nouvelles techniques innovantes de production, comme l'agroforesterie. De tels modèles vous paraissent-ils prometteurs pour ces territoires?
Stéphane Le Foll : "Ces modèles présentent un gros potentiel. Par exemple, l'agroforesterie produit de la biodiversité et de la fertilité pour les sols, ce qui est essentiel. Ce sont donc des principes qui sont extrêmement productifs, car ils permettent de faire cohabiter économie et écologie, en utilisant au maximum les potentiels de la nature.
L'une des idées intéressantes, c'est de couvrir les sols et de les faire travailler de manière continue. Si on s'en occupe bien, tout en les faisant travailler, on augmente leur fertilité et on limite l'érosion. Il en résulte un haut niveau de production et un haut niveau de protection des sols. Ainsi, la conciliation de la performance économique et écologique passe par un retour à une approche basée sur l'agronomie."
Certains agriculteurs sont convaincus par ces méthodes. Mais comment étendre le mouvement auprès des autres?
"Je le dis de manière provocante : dans l'après-guerre, il y a eu une dynamique collective chez les agriculteurs pour la mise en place du modèle conventionnel avec les clubs de 100 quintaux. Il y avait une forme d'émulation sur le niveau du rendement que chacun atteignait, qui était au coeur des conversations. Il faut arriver à renouveler cette volonté de réussir. Pour passer du modèle conventionnel à ces nouvelles méthodes de production, il faut retrouver cette dynamique collective. Sans nier les risques de pertes de rendement pendant les 4 ou 5 années de la phase de " conversion " aux nouveaux modèles, il faut encadrer et appuyer les agriculteurs pour engager les adaptations nécessaires.
Selon moi, la performance économique et écologique de l'agriculture ne peut pas se résumer à une succession de décisions et de normes appliquées exploitation par exploitation. Le moment est arrivé où il va falloir créer des cadres juridiques plus collectifs, en développant ce que j'appelle les groupements d'intérêt économiques et écologiques. Objectif : créer des dynamiques collectives dans lesquels les agriculteurs puissent s'inscrire. Aujourd'hui, nous nous contentons souvent de raisonner sur la correction des effets négatifs des modèles précédents. Nous avons besoin de créer des modèles nouveaux plutôt que de corriger ce que nous avons fait par le passé. Il vaut mieux travailler à construire l'avenir."
Une interview publiée avec l'aimable autorisation du ministère de l'Agriculture