La critique de Claude :
« A good man in Africa » est le premier roman (sorti en 1981) d’un de mes auteurs préférés, William Boyd, dont je relis cet été toute l’œuvre. Disons tout de suite que ce n’est pas mon favori.
Certes, le grand Boyd perce déjà, dans l’art de décrire les êtres, les situations et les décors. C’est un maître de la technique du roman, exercice pratiqué et enseigné dans les pays anglo-saxons. D’où vient alors un certain malaise ? De la complexité du scénario d’abord. Boyd a certes voulu écrire un roman picaresque, mais le lecteur se perd un peu inutilement, et se trouve frustré au dénouement. Un peu de maladresse donc.
Surtout, comparé aux œuvres qui l’ont suivi, ce roman donne l’impression d’être « écrit au lance-flammes » : les personnages sont tous uniformément mauvais, lâches, alcooliques, pervers, cupides, violents et imbéciles. Sauf bien sûr l’excellent Dr Murray, médecin écossais dont le profil est peut-être inspiré par le père de Boyd, médecin au Ghana.
Aucune nuance ne vient donner un peu d’épaisseur et de complexité aux personnages. La société africaine n’est pas mieux traitée que le service colonial anglais. C’est dommage, quand on pense aux trésors de finesse et d’ambigüité que Boyd déploiera pour dessiner situations et personnages de ses Nouvelles Confessions (1988) ou de l’Après Midi Bleue (1994).
Une question : Boyd, élevé au lait (amer) de l’Université française, a-t-il pris son inspiration dans la littérature germanopratine (quartier parisien à l’époque littéraire) où le lance-flamme était un outil plus important que le stylo ? Mais peut être à Oxford aussi se fournissait-on chez Kalachnikov ?
Conclusion : lisez plutôt le dernier, paru en 2012 en France, L’Attente de l’aube : c’est un régal.
Un Anglais sous les Tropiques (A good man in Africa), de William Boyd, traduit par Christiane Besse, (1984) Le Seuil, 20 €