Echo

"A peine de quoi fumer pour ce soir. Dormir presque toute la journée était finalement une bénédiction. 22h36 (tu vois, ma capacité de concentration?) c'est l'heure de rouler.
On fait avec les moyens du bord.
Avec que ma parole soit insensée. Rêvé de mon ex cet après-midi. On était à nouveau ensemble. Quelles foutaises! Et par pitié, ne me sort pas ta psychologie de comptoir... J'ai lu il y a peu les 5 leçons sur la psychanalyse, Freud (genre, il a de la culture). Selon lui le rêve exprime une frustration, un besoin inassouvi durant la journée et qui se rappellerait à ton bon souvenir durant la nuit. Alors, si je tente moi-même une interprétation, je serai frustré de ne pas être au sein d'une relation longue, de ne pas me vider les couilles avec une dulcinée ou même, avec la première salope venue, de ne pas faire comme tout le monde à attendre la mort en payant mes factures? Et ben putain, excuse-moi mais on n'est pas sortis. Je n'ai même pas envie de creuser plus loin, aucun intérêt. Allons fumer.
Totalement en dehors de la réalité ces derniers jours. Je me contente de nourrir mon esprit avec tout ce que je peux. Un peu d'art contemporain, mais je sens que ma sensibilité n'accroche pas. Je ne sais ce qu'il va advenir de ce projet dont j'ai eu l'occasion de te parler, mais il ne faut certainement pas que je me laisse envahir par ce qui pourrait être beaucoup trop chronophage. Je verrai par la suite. Films et séries divers. Lecture proche de l'overdose.
Stephen King, Marche ou Crève. Ok, très loin d'être de la grande littérature, on est plus proches du roman de gare populaire pour ménagère de moins de cinquante ans en manque de frissons. Mais y'a un réel travail dans la narration et la structure, même si les personnages, en particulier le principal, ont une psychologie en carton-pâte. Enfin, toujours mieux que de lire Beigbeder. Lu il y a peu (mais quel jour on est putain???) Vacances dans le coma, totalement imbuvable.
Bref, je relis ce bouquin pour la première fois depuis le collège. J'y retrouve tout de même un certain plaisir, tant au niveau de la détente et du repos qu'en procure la lecture, tant au niveau du souvenir qui y est rattaché.
Vacances d'été il y a presque dix ans, je le lisais dans le compartiment couchette du train de nuit en direction de Nice. J'avais lu une bonne partie de la nuit avec la veilleuse de la couchette, incapable de dormir. Aux alentours de 7h / 8h, on arrivait vers Marseille. Ou une autre ville. Ce qui est sûr, c'est que la vision de la mer étincelante des rayons du soleil matinal reste gravée en moi. J'étais encore proche de mes parents à cette époque. Et j'étais même heureux. Je suis incapable de vraiment situer ce souvenir dans le temps, mais il me semble qu'à l'échelle d'une vie ce n'était pas si loin que ça. Ce que je sais par contre, c'est que tout ça a pris fin avec mon opération, et que plus rien n'a jamais vraiment été pareil depuis. Putain mais qu'est-ce qu'il s'est passé dans ma tête là-bas?! On m'a dit très justement il y a quelques temps que la douleur m'avait rendu aigri, complètement vieux avant l'âge. C'est vrai. Et pourtant cette personne n'a connu que le pire de ce que j'avais à donner. Elle a peut-être supposé que je pouvais être quelqu'un de bien, au fond. Je l'espère de tout coeur. Et je le suppose aussi moi-même, parfois. Le contraire me file plus que tout l'envie de crever. En mettant de côté le maximum d'oxycodone possible, je devrais me faire un shoot ultime début septembre, la veille de mes 24 ans. Si je passe la nuit et me réveille comme si rien n'était, ce que je pré-suppose (à tort?), c'est que le dieux ou je ne sais quoi m'auront filé une énième chance. Et ce sera certainement la dernière. Espérons."