Comme je l’indiquai récemment - « Les fausses confidences» de Sarkozy (30 juillet 2012) il se rêve un avenir international. Papy ne veut pas se ranger des voitures et « fait de la résistance », voulant continuer à « paraître » - son maître mot ! - jouer encore un rôle de premier plan dans la « cour des grands » de ce monde. Lors même que psychiquement parlant le bac à sable de l’école maternelle lui conviendrait autrement mieux. Jamais sorti de l’enfance et puis les vieux y retombent. J’ai bien le droit de me moquer puisque je suis plus vieille que lui. 65 ans aujourd’hui.
Je suis néanmoins époustouflée en découvrant sur Libération qu’il s’invite dans le débat syrien (7 août 2012). Vous vous souvenez sans doute qu’il reprochait à François Hollande de n’être « pas assez ferme » sur la Syrie. Reproche bien évidemment ridicule puisque la Russie et la Chine - membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et qui disposent donc du droit de veto - se sont depuis le départ opposés à la moindre sanction contre le régime de Bachar Al-Assad…
J’ai entendu dernièrement que la France devrait prendre la présidence tournante du Conseil de sécurité. Connaissant les mœurs sarkoïdales : toujours se mettre en vedette. Ce qu’il fit tout au long du quinquennat à l’encontre de François Fillon ou d’autres ministres, leur coupant l’herbe sous le pied dès qu’il devaient faire quelque annonce, il les prenait de court en annonçant les mesures avant qu’ils n’aient eu le temps de le faire devant les médias. Il agit de même contre l’opposition car à chaque fois que Martine Aubry ou une autre personnalité du PS devait tenir une conférence de presse ou participer à quelque événement prévu bien à l’avance, il réagissait en programment dans l’urgence un déplacement en province, meeting et grandes déclarations à l’appui.
Il dut ronger son frein - et ses chiens de garde de l’UMP itou - pendant la campagne des primaires socialistes. Avant d’amplement se rattraper en janvier 2012 avec la multiplication des vœux, délocalisés aux quatre coins de la France - autant de meetings électoraux sans être encore officiellement entré en campagne ! Et pendant la campagne électorale ce fut un véritable festival : il marqua littéralement François Hollande à la culotte, répondant à chaque proposition par une autre peu ou prou semblable, à chaque meeting par un autre - ses meetings en plein air pour répondre à ceux du candidat socialiste, prévus longtemps à l’avance, rivalisèrent d’UM/Provisation et d’UM/Préparation.
Je subodore donc que Nicolas Sarkozy tentera une fois de plus de se mettre en vedette lorsque la France interviendra à New York au Conseil de Sécurité quand elle en assurera la présidence. Quels stratagèmes utilisera-t-il ? Je ne saurais le dire, n’étant ni Mame Soleil ni la Pythie. Etant entendu bien évidemment qu’il ne devrait pas être invité officiellement à l’ONU.
Je le crois néanmoins tout à fait capable de prendre l’avion - il ne le paye pas en tant qu’ancien président de la République - pour aller à New York aux moments les plus importants et y tenir des conférences de presse ou faire quelque déclaration dans les médias. Où il ne devrait pas manquer de tacler François Hollande ou Laurent Fabius si celui-ci représente la France au Conseil de sécurité. Tirer sur son pays - parce qu’en dernière analyse c’est bien de cela qu’il s’agirait - ne faisant nullement peur à Nicolas Sarkozy, du moment qu’il puisse dire « Moi, je »…
Tacler méchamment l’adversaire et marquer un but contre son camp.
Or donc, et pour l’instant l’article de Libération - fort court - nous apprend que Nicolas Sarkozy s’est entretenu au téléphone « pendant près de 40 minutes » le 7 août 2012 avec Abdel Basset Sayda, président du Conseil national syrien (en exil) et qu’ils auraient - selon un communiqué commun - « constaté la complète convergence de leurs analyses sur la gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d’une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres (…) et se sont convenus sont convenus qu’il y a de grandes similitudes avec la crise libyenne ».
Boudu con ! Si la situation n’était aussi dramatique que poignante depuis dix-huit mois, j’aurais envie de me foutre de leur gueule dans les plus grandes largeurs : « éviter les massacres » ! Aussi ridicule que ceux qui affirment qu’il faut éviter « la guerre civile » en Syrie. Comme si ce n’était cela depuis belle heurette.
Lu dernièrement le nombre de 20.000 tués depuis le début de la révolte. Les chiffres ne sont certes pas vérifiables mais de là à affirmer comme certains que tout ne serait que pur mensonge et intox ! Merci de ne pas me prendre pour une parfaite idiote, les images vues à la télévision parlent d’elles-mêmes : la population civile vit un enfer. Dernièrement, Alep - seconde ville du pays ce me semble - sous un déluge de bombes. Et j’entendis hier soir sur France Info que les munitions manqueraient désormais aux insurgés. Ce que confirmerait au demeurant une alerte du Monde reçue il y a quelques minutes L'armée syrienne aurait repris un quartier-clé d'Alep (8 août 2012).
A ma connaissance, Nicolas Sarkozy s’est bien gardé jusqu’à présent - quand il était président de la République ou par la suite - de demander à son cher ami Poutine de voter des sanctions contre la Syrie ou de cesser de lui livrer des armes.
Nicolas Sarkozy n’est pas un homme de paix. Tout au contraire. Un boutefeu et un « va-t-en guerre » (il y envoie les autres !) de première bourre. Nous savions qu’il n’avait pas approuvé la décision de Jacques Chirac et Dominique de Villepin de ne participer à la dernière guerre en Irak. Il a accru le nombre de soldats français en Afghanistan. « L’homme qui riait dans les cimetières » pouvait bien afficher une peine factice à chaque fois que des soldats sont tombés sous les attaques des talibans. Je n’en approuve que davantage la décision de retirer les forces combattantes françaises dès cet automne. D’autant que nous apprîmes tout dernièrement qu’un 88e soldat français est mort sous le feu des Talibans. Les Américains s’y sont cassé les dents et avant eux les Russes et les meilleurs spécialistes admettent que la solution du conflit ne saurait être militaire…
Pour la Syrie, « Monsieur Monde » (petit clin d’œil à Jean-Michel Ribes qui ne l’apprécie pas du tout) va sans doute nous sortir quelques magiques solutions - lapins Duracell - de son habituel chapeau de prestidigitateur.
Je l’imagine volontiers sur son tapis volant d’archange Super-Sarko terrassant le dragon Bachar Al-Hassad. Avec dans ses bagages Bernard-Henri Lévy - ex ministre des Affaires étrangères bis de Nicolas Sarkozy en Libye - qui ne rate aucune occasion de se faire mousser sur toutes les zones de conflits.