8 August 2012
Dans un monde politiquement correct, de plus en plus lisse, de plus en plus virtualisé, on manque de réel. Les photos retravaillées par Photoshop nous exposent des corps et des visages parfaits. Une fausse mais réconfortante éternité que nous buvons avec joie en vivant par procuration à travers films et magazines. On a peur de vieillir ; c'est la chasse aux rides, aux cheveux blancs. On refuse dès lors le processus réel de la vie. La dépression guette car le retour au réel est inexorable. Un photographe a compris que nous avions perdu le sens des sillons du vécu parcourant un visage. Que l'expérience et l'émotion creusent un visage pour lui donner sa patine d'authenticité. Ce photographe est Jeffries Lee. On est loin dès lors des portraits sur papier glacier des Vogue et autres Cosmopolitan. Ici, le Britannique immortalise les ombres errantes de la rue ; ceux qu'on ne veut plus voir. Ces sans-abris qui sont alors des sans-visages... Des invisibles. Jeffries Lee a le génie et la grande âme de leur redonner un faciès. Certes, pas toujours très ragoûtant, mais toujours rempli d'humanité. Sans doute que Jeffries qui a commencé sa carrière en photographiant des stars de foot à Manchester a été dégoûté peu à peu par l'argent et la gloire ?
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