Départ de Manali au petit matin à 5 heures pour essayer de passer le col du Rothang à 3978 m. La route était fermée depuis trois jours et bien sûr tout le monde s'est rué dessus pour pouvoir passer au plus vite, en particulier les camions de ravitaillement pour l'essence et les fruits et légumes.
Après un arrêt pour le petit déjeuner au pied du col, nous avons pu remarquer que nous n'avions absolument aucune chance de passer dans l'heure qui suivait vue la queue impressionnante qui s'étageait déjà au-dessus de notre tête de véhicules divers ! Plus les motos car les Indiens sont maintenant friands de venir grimper les cols au-dessus de 3500 m parfois en petite chemise et en tongs !!
Nous montons donc vers 7 h 30 et nous nous installons dans la queue avec la certitude que nous passerons vers midi...
Nous nous promenons pour voir un peu l'état des lieux : la route est devenue un vrai bourbier où l'on ne peut absolument pas marcher sous peine de voir nos chaussures restées collées à l'énorme couche de glaise et il faut donc se faufiler entre les voitures et marcher sur une étroite bande de terre qui longe le précipice. Une moto qui veut en faire autant passe par-dessus bord et son conducteur avec ! Panique dans tous les coins... Il a roulé mais s'est arrêté pas trop bas et la moto a été bloquée par un énorme rocher dix mètres plus bas, une chance. Tout le monde vient à son secours, je lui mets une bonne rasade de "Rescue" sous la langue, il est un peu sonné mais ne semble pas avoir subi de gros dommages, il parle et il arrive à marcher. La moto est tractée par des cordes, et miracle rien de cassé, même pas le phare, et elle repart au troisième coup de kick ! Un vrai miracle. Mais le type va se coucher quand même dans une benne de camion car il est plutôt pâle, même pour un Indien. On ne saura rien pour la suite mais il était avec toute une équipe de copains.
Nous allons voir ce qui bloque et nous voyons une très belle coulée d'énormes blocs, car il a plu cette nuit et toute une partie de la pente est passée sur la route. Une machine casse les blocs de pierres, une énorme pelleteuse pousse sur les côtés pour essayer de dégager au moins une piste pour le passage d'un véhicule. Et la queue continue de s'allonger des deux côtés du glissement de terrain. Cinq camions pleins de militaires vont arriver pour aider à déblayer au plus vite. Mais les délais de passage augmentent de plus en plus... Avec Béa nous décidons de passer notre temps dans la voiture, elle a faire de l'aquarelle et moi à mettre le nez dans mon roman policier que j'avais gardé en cas de coup dur pour passer le temps !
Jean-Pierre lui a continué à grimper et notre guide Padma l'a retrouvé et ils sont montés par les raccourcis doucement jusqu'au col. Heureusement j'ai encore mon téléphone qui marche et nous pouvons faire de temps en temps la liaison.
Enfin à 17 h 30 il semble que l'on peut partir, ce qui en Inde signifie que tout le monde veut le faire en même temps... Donc il faut encore passer plus d'une demie-heure à débrouiller les noeuds ! et le comble, le chef-ministre de l'état qui était parti sur Keylong ce matin en hélicoptère, redescend en voiture officielle à cause des nuages qui sont montés jusqu'au niveau de la route. Il faut donc impérativement lui laisser la place pour redescendre !
Nous arriverons à Keylong le premier village sur la route pour trouver un hébergement, à 23 heures !
Mais heureux d'avoir une douche chaude et un lit confortable au lieu de dormir sous la tente à 4200 m à Sarchu... que nous passerons le lendemain seulement à midi passé !
Notre acclimatation à l'altitude a bien commencé... mais JP se paie une belle insolation !