Du prestige face aux "projets"

A quelques heures d’affronter le monstre barcelonais lors d’un match de gala au pays des meubles en kit, Sir Alex Ferguson et toute la communauté mancunienne viennent d’apprendre que le transfert du jeune prodige (dit-on) brésilien de Sao Paulo, connu sous le nom très hype de Lucas Moura, ne se fera (probablement) pas.

Convaincu par ses cons patriotes Thiago Silva et Leonardo, l’ailier finaliste du tournoi olympique (avec Rafael) aurait eu un coup de cœur pour le « projet » parisien, alors qu’on l’annonçait de plus en plus à Old Trafford. Ce choix marque donc la fin d’une énième saga liant une pseudo pointure à notre club préféré et s’ajoute à la déjà longue liste des « coups » manqués par Sir Alex, après les échecs Benzema, Villa, Ozil, Sanchez, Nasri, Hazard ou Sneijder.

Avions-nous besoin de Moura ? Je ne le pense pas. Ce joueur vaut-il 40 millions d’euros (plus que David Silva, Luka Modric ou Fellaini) ? Seul l’avenir nous le dira. Mais à seulement 19 ans et pour seuls faits d’arme quelques gri-gris en championnat brésilien, le pari était énorme. Il n’en demeure pas moins qu’une fois de plus, un joueur convoité a tourné le dos au club le plus populaire du monde.

Une nouvelle qui a le don d’énerver des supporters de plus en plus impatients et pessimistes quant à l’avenir de leur club. Une réaction légèrement démesurée selon moi, mais compréhensible. Manchester United n’a plus les moyens de rivaliser avec ces clubs qui n’ont de grand que leur compte en banque, disposant d’un budget quasi illimité grâce à l’argent du pétrole russe ou qatari. Si on vous avait dit il y a 5 ans qu’un joueur ferait la nique à MU pour aller traîner ses nouvelles Nike sur les terrains de Ligue 1, vous auriez bien rigolé, et moi aussi !

Ces fameux projets pourrissent un peu plus le monde du football, déjà pas le plus sain. Les prix des joueurs sont indécents et leurs salaires, encore plus. Sans oublier le rôle des agents, gangrène du football moderne. Malgré la dette, United a encore des ressources, comme en attestent ces dernières tentatives de transferts, ou ceux, réussis, de Kagawa, De Gea ou Berbatov, mais le club refuse de dépasser les limites du raisonnable et c’est en soi, peut-être une bonne chose. Notre seul prestige devrait suffire à attirer les plus grands noms. Ceux qui jouent les starlettes à deux balles pour obtenir 2% de salaire en plus ou parce qu’une ville est plus jolie qu’une autre n’ont qu’à aller se faire foutre.

Que des joueurs favorisent un transfert au Real ou à Barcelone est beaucoup plus compréhensible. Ces deux clubs, comme United, ont une histoire, évoluent dans un championnat relevé et jouent chaque saison sur tous les tableaux. Ajoutez à cela le soleil, les plages et les boîtes de nuit espagnols en option, et vous comprendrez que le package a son lot d'avantages ET de prestige. Mais les "projets" citizen ou parisien n'ont aucune substance si ce n'est l'argent, et leur durée de vie est toute relative, demandez aux membres du projet Malaga... Si seulement les joueurs pouvaient confesser que leur objectif premier était de faire un max de thune en un minimum de temps, plutôt que nous bassiner avec leurs foutus projets.

Cela mis à part, devons-nous reconnaître que United a perdu de son pouvoir d'attraction auprès des joueurs de football ? Malgré notre superbe stade, nos grands joueurs et notre manager de légende, Sneijder, par exemple, a décliné l'offre sans pour autant rejoindre le moindre projet, avant de se faire oublier au sein d'une équipe moribonde de l'Inter l'an dernier, alors que tout United lui faisait les yeux doux. Ce cas-là reste heureusement isolé. Nos deux recrues de ce mercato, convoitées par d'autres pointures, nous prouvent que United représente encore quelque chose pour des footballeurs. Il reste assez de temps pour trouver deux autres bons joueurs qui ont les yeux en face des trous et qui ne laisseront pas passer cette opportunité unique de représenter ce club exceptionnel.

Avant d’affronter le Barça et sa constellation de stars, rappelons-nous tout de même que les gros transferts ne sont pas un leitmotiv à United. Les plus grandes réussites de Sir Alex furent rarement les plus onéreuses : Cantona, Solskjaer, Scholes, Giggs, Beckham, Vidic, Chicharito… Tous ces joueurs ont été achetés au rabais ou n’ont pas coûté un rond. A contrario, Veron, Hargreaves ou Berbatov, dans une moindre mesure, sont tous des échecs au vu des montants investis au moment de leur recrutement. Bien sûr, les temps ont changé. Bien sûr, j’aurais aimé qu’on signe Sneijder l’an dernier ou Modric cette année. Mais notre équipe a ce qu’il faut pour donner la réplique aux nouveaux riches et a à sa tête un magicien. Le mercato ne se termine que dans trois semaines et qui sait ce qu’il va nous sortir de son chapeau d’ici là, après la déjà très bonne surprise Kagawa. Qu’il s’agisse de Van Persie ou d’un nom moins ronflant, gardons confiance.

Rappelons-nous aussi que dans peu de temps, l’UEFA imposera son fameux fair-play financier, interdisant à un club de dépenser plus que ce qu’il ne gagne. Une donnée qui pourrait bien avantager le club qui réalise les plus gros profits chaque année. A ce moment, peut-être, le projet MUFC aura-t-il plus la cote...