Notre société étant ce qu’elle est, nous ne pouvions pas faire autrement dans nos
préoccupations que d’en rechercher son élément parfait à savoir le prototype idéal qu’elle engendre.
Ce prototype serait tout d’abord doué d’un pouvoir d’achat important, contribuant ainsi à la bonne marche de l’économie ; il serait en outre, en très bonne
santé pour atténuer le déficit de la sécurité sociale, tout en cotisant à souhait.
Jusque là, vous me suivez. Ce peut être un homme ou une femme ; les dernières analyses marketing montrent pourtant que le milieu gay offre de bons sujets quant
à la dépense consommatrice, et sans compter s’il vous plaît !
Sur le plan professionnel, pour ne pas se retrouver sur le banc de touche, il faut qu’il soit jeune pour suivre le rythme effréné qu’on lui impose, qu’il ait moins
de trente ans voire encore moins, disposant d’une solide expérience professionnelle et ceci, à peine diplômé !
A ce moment précis, il lui reste encore quelques petites années avant la date de péremption et avant de rejoindre le cercle très ouvert des persona non
grata.
Tout cela constitue déjà si j’ose dire un premier point !
Afin de demeurer bien inséré, notre proto se doit d’être à l’aise dans la société ; ce qui signifie bien dans son corps, admirable et fort agréable à
côtoyer.
La forme physique le caractérise, il fréquente les clubs de sport, il est évidemment mince et mange diététique quand il ne se retrouve pas dans les endroits
branchés.
Il est vêtu à la mode, il sait chanter, danser et reste incollable sur la plan culturel.
Sa tolérance n’a d’égal que son dévouement pour les associations caritatives, bref, il ou elle est formidable !!!
En résumé, il ou elle a 22 ans, c’est une star sinon point de salut.
Mais il faut rester jeune et recourir à la chirurgie esthétique pour le rester.
Point important sinon primordial ; résister à la pression !
Si vous ne faites pas partie de cette élite, vous vous devez d’en compter parmi vos relations auquel cas on vous pardonnera un peu vos imperfections.
Vous voyez ce n’est pas si compliqué de vivre avec son temps.
Certains diront (l’immense majorité probablement), tout cela est très surfait et ils préfèreront les soucis, la dépression , largués par tant
d’obligation.
En conclusion, nous noterons simplement le paradoxe d’une société sans valeur, sans déité et qui néanmoins cherche des demi-dieux dans ses rangs.
© Cébéji