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"L'ultra-libéralisme" n'existe pas, ou le vocabulaire en économie

Publié le 08 août 2012 par Copeau @Contrepoints

En ces temps où la communication a pris le pas sur l'argumentation, le vocabulaire a une grande importance. Force est de constater que celui-ci est très orienté, et au désavantage du libéralisme.
Par Vladimir Vodarevski

Ainsi, aujourd'hui, l'actualité oppose politique de croissance et austérité. La politique de croissance est la politique de relance par la dépense publique et la création monétaire. La politique d'austérité est la politique d'assainissement des dépenses publiques. Or, ces deux politiques sont des politiques de croissance. La première suppose de continuer ce qui a été fait avant la crise, et l'a sans doute provoquée, à savoir stimuler l'économie par la création monétaire et la dépense publique. Tandis que la politique d'assainissement, appelée austérité, propose de purger l'économie et de repartir sur des bases saines. L'une apparaît comme une fuite en avant monétaire, l'autre comme une politique sensée et réaliste, qui dit que le Père Noël n'existe pas, et qu'il faut réparer les erreurs du passé pour repartir du bon pied. Sinon, nous risquons de faire du sur place encore longtemps. Pourtant, la politique de fuite en avant, qui reprend les erreurs du passé, est présentée comme une politique qui amènera de la croissance, tandis que la politique d'assainissement, qui a également pour but la croissance, est présentée comme une politique sans espoir, affublée du terme austérité. Or, il y a une grande différence entre les termes "austérité" et "assainissement".

Le terme même de crise financière pour désigner la crise actuelle est trompeur. Il s'agit d'une crise monétaire, puisqu'elle est due à la création monétaire. Elle pourrait même être qualifiée de crise de l'interventionnisme, car ce sont les Etats qui ont encouragé le crédit, aux USA, en Espagne, et ce sont les Etats qui s'endettent depuis des années pour intervenir dans l'économie.

Un autre terme galvaudé et le mot "capitalisme". Il désigne aujourd'hui, dans son acception courante, une économie contrôlée par les grandes firmes. Ainsi est-il question de "capitalisme de connivence". Ce qui est antinomique. Quand Schumpeter traite du capitalisme, dans Capitalisme, socialisme et démocratie, il désigne l'économie de marché. Le capitalisme de connivence désigne un mode de fonctionnement économique dans lequel l'Etat a une grande importance, un fonctionnement nécessairement interventionniste, pour favoriser certaines firmes. Ce n'est donc pas de l'économie de marché, ce n'est pas du capitalisme. L'expression "socialisme de connivence" serait plus appropriée, ou "économie de connivence".

De même, le terme "solidarité" est utilisé pour désigner les prélèvements obligatoires. Ce terme permet de justifier les prélèvements, et de faire en sorte que chacun imagine qu'il bénéficie de la redistribution, en évitant de faire remarquer à chacun ce qu'il paie. En fait, la classe moyenne, c'est-à-dire la majorité des français, paie pour ce qui est appelé "solidarité". De plus, la solidarité peut-elle être forcée? La véritable solidarité est le versement volontaire, ou l'aide volontaire, pas le prélèvement obligatoire.

Enfin, il y a le terme "ultra-libéralisme". Cette expression s'étale en long et en large sur une multitude d'articles, dans une multitude de livres. Mais personne ne se soucie de la définir. Et pour cause : elle ne veut rien dire! Il y a le libéralisme, il y a le courant libertarien, mais "l'ultra-libéralisme" n'existe pas. "L'ultra-libéralisme" semble supposer un monde sans règle, où la loi du plus fort prédomine. C'est-à-dire le contraire du libéralisme. L'expression "ultra-libéralisme" sert uniquement à diaboliser le libéralisme, et à éviter ainsi tout débat dérangeant avec les arguments libéraux. Quand les arguments sont inexistants, il faut détruire le contradicteur, par tout moyen.

Les libéraux ne se sont pas engagés dans la bataille lexicale. Est-ce un tort? Peut-être, quand ils reprennent une expression comme le "capitalisme de copinage", qui dénature le capitalisme. Mais, d'un autre côté, les libéraux gardent leur intégrité, en ne se commettant pas dan la " com' ", mais en traitant du fond. Reste à le diffuser aux masses, comme on dit.

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