Les poissons de la Grande Barrière souffrent de cancer .. tout comme l’homme le danger serait probablement du au Ultra violets qui affectent leur peau. D’autres recherches en vue pour savoir s’il y aurait d’autres causes possible
Nuage
Des poissons sauvages atteints de cancers de la peau
15 % des truites de la Grande Barrière de corail, dans le Pacifique, présentent des lésions cutanées. Crédits photo : © Wildlife / Andia/© Wildlife / Andia
Les rayons ultraviolets seraient à l’origine des mélanomes qui affectent 15 % des poissons.
On connaît les effets parfois désastreux des rayons ultraviolets (UV) pour l’homme et certains mammifères (chiens, chats…) lorsqu’ils aboutissent à l’apparition de mélanomes, on découvre désormais que des poissons peuvent souffrir des mêmes maux. Une équipe de chercheurs anglais et australiens vient en effet de montrer que des poissons qui évoluent autour de la Grande Barrière de corail, dans l’océan Pacifique, sont atteints d’un cancer. Il s’agit de truites de corail (Plectropomus leopardus). Les scientifiques, qui ont publié leurs travaux dans la revue PLoS One, ont ainsi observé que, sur un échantillonnage de 136 poissons, 15 % présentaient des lésions cutanées. Des taches noires couvrant de 5 % de la peau jusqu’à la quasi-totalité pour certaines de ces truites connues habituellement pour leur belle couleur orangée.
Les études de laboratoire montrent que les poissons malades ont une durée de vie largement amputée – 6 mois au lieu de 4 ans – et sont très fragilisés. Une variation dans la température de l’eau, par exemple, les fait mourir plus vite. Les chercheurs se montrent évidemment très prudents sur l’ancienneté de ces cancers.
«Étudier les maladies des poissons sauvages prend beaucoup de temps et coûte cher. Il est donc difficile de dire depuis combien de temps ces poissons sont malades», précise ainsi Michael Sweet, de l’université de Newcastle (Royaume-Uni).
Surtout, ils soulignent bien le fait qu’il faudra d’autres travaux pour confirmer leur hypothèse: la responsabilité du soleil dans l’apparition de ces troubles.
Les prélèvements des poissons ont été effectués dans deux zones de la Grande Barrière, là où l’on observe régulièrement des trous dans la couche d’ozone stratosphérique, barrière naturelle pour les rayons ultraviolets.
«D’autres travaux devront être réalisés pour établir les causes exactes de ces cancers, mais, après avoir éliminé d’autres facteurs possibles tels que les microbes ou la pollution marine, les rayons UV apparaissent comme la cause vraisemblable», insiste toutefois Michael Sweet.
«Cette étude présente l’intérêt d’être très nouvelle», souligne Évelyne Sage, chercheuse à l’Institut Curie (CNRS).
Jusqu’à présent, en effet, on avait pu observer des mélanomes liés aux rayons ultraviolets, mais uniquement sur des poissons hybrides de laboratoire.
«Les scientifiques vont devoir contrôler s’il n’existe pas de susceptibilité génétique particulière pour ces truites de corail», explique ainsi la chercheuse de l’Institut Curie.
Une telle étude est évidemment importante pour la gestion de la ressource halieutique, tout particulièrement dans cette région. Les espèces qui évoluent dans la Barrière de corail sont commercialisées pour les bassins d’agrément ou pêchées. Mais, in fine, ajoute Évelyne Sage, «l’intérêt est de voir si l’on peut extrapoler à l’homme».