C’est l’été ! Et me reviennent en mémoire tant d’anciens étés, toujours synonymes d’un autre univers, d’un entretemps, d’une période où les choses étaient différentes ; une sorte d’avancée ou de palier dans la montée des escaliers, qui permettait de regarder par la fenêtre ! Tous ces étés d’enfance se bousculent dans mon souvenir : Un été du côté de Robertville, où une jeune Allemande de mon âge se mettait au piano le soir et jouait “Heimweh” (j’ai su très vite que cela voulait dire “nostalgie”) ! Les étés des camps scouts bien sûr : les jeux de nuit, les challenges, les découvertes, la fraternité, les constructions avec leurs brelages et l’incroyable sérénité des derniers chants autour du feu de camp : “As-tu compté les étoiles ?… ” ! Un été où je suis allé en autostop jusqu’en Bretagne, près de La Rochelle, et où je suis allé saluer (grâce à la carte de presse de mon journal pour jeunes) Jacques Brel dans les coulisses de son concert ! Un été avec mon père seul (car ma mère avait accouché quelque temps auparavant) à Saint-Hubert, où j’étais impressionné par les trophées (le sanglier et sa hure !) qui couvraient les murs de la salle à manger de l’hôtel ! Un été (peut-être le seul) où je me suis senti vraiment adolescent : nous écoutions les 45 tours les uns chez les autres (“Georgia on my mind” de Ray Charles ou “My girl Josephine” de Fats Domino) avec le clan Hardy contre le clan Vartan, nous parlions des filles (elles avaient des prénoms si classiques encore comme Jacqueline, Monique, Brigitte ou Françoise – parfois une Minouche ou une Paquita !), nous rêvions un peu de notre avenir et nous en riions ! Ce matin, un nouvel été me fait mesurer le temps passé et cette vie magnifique que j’ai pu vivre… et cela me serre un peu le coeur !