Izumi est mariée à un célèbre romancier romantique mais leur vie semble n'être qu'une simple répétition sans romance. Un jour, elle décide de suivre ses désirs et accepte de poser nue et de mimer une relation sexuelle devant la caméra. Bientôt, elle rencontre un mentor et commence à vendre son corps à des étrangers, mais chez elle, elle reste la femme qu'elle est censée être. Un jour, le corps d'une personne assassinée est retrouvé dans le quartier des "love hotels". La police essaie de comprendre ce qui s'est passé...
Redrum : Difficile de rester de marbre devant Guilty of romance, film choc de Sono Sion qui nous dépeint la métamorphose d’une candide femme au foyer, dont l’émancipation prend la forme d’une initiation sexuelle tournant vite à la descente aux enfers. Une plongée dans le chaos qui concentre la véritable atrocité du film, dont l’enquête principale – un corps retrouvé mutilé dans un hôtel de passe – n’est au final qu’accessoire. Et, ce qui aurait pu être un simple étalage de scènes hot, se révèle en définitive un exercice de style à la croisée des genres (comme en attestent les références à Orange Mécanique et à Suspiria). Les scènes marquantes s’enchaînent, soutenues par une bande-son canon dont l’évolution est calquée sur celle de l’héroïne du film : d’abord classique puis franchement déchainée. La plantureuse Megumi Kagurazaka signe d’ailleurs une performance vertigineuse dans le rôle ô combien complexe d’Izumi, "coupable d'être aimée" si l’on s’en tient au titre de l’œuvre. Guilty of romance pourra déranger pour son relatif déséquilibre, pour son côté parfois grotesque (le job de vendeuse de saucisses : mouais…) voire grossier, ou encore pour la faible attention portée à l’intrigue policière. Mais honnêtement, rares sont les films aussi envoutants, aussi ambigus, aussi extrêmes. 3,5/5
Tucker : Un film plein de couleurs, plein de fureur, plein de folie aussi… Comme à son habitude, le cinéma asiatique nous offre une oeuvre glauque et exigeante. Et comme à son habitude egalement, il est une fois de plus question de violence crue et de sexe sale ! Si bien qu’avec ce troisième volet de sa "trilogie de la haine" (on comprend mieux pourquoi maintenant), le réalisateur japonais Sono Sion nous plonge tête la première au cœur de la prostitution, de ces femmes qui vendent leurs corps aux prix fort. C’est ainsi que son héroïne Izumi va retrouver une certaine liberté, s’adonner à des plaisirs corporels perdus, s’affirmer en tant que femme aussi, elle, la ménagère modèle délaissée par son auteur de mari. Mais cette révélation, cette résurrection seront également les prémisses d’une véritable descente aux enfers, quand elle fera la connaissance de la troublante et enigmatique Mitsuko. Une dompteuse d’hommes, une prédatrice, qui deviendra son "mentor", dans cette (seconde) vie qui s’offre à elle. Makoto Togashi interprète avec rage et brio l’envoutante mangeuse d’hommes, et Megumi Kagurazaka apporte la douceur et la pureté (!) nécessaire dans cet univers si sombre et si violent. La mise en scène est là, le suspense et la tension egalement, et le couple féminin porte avec talent un Guilty of romance à la fois éprouvant, sombre, et un peu tordu… aussi. 3/5
Réalisateur : Sono Sion
Acteurs : Megumi Kagurazaka, Makoto Togashi, Miki Mizuno, Kanji Tsuda, Hisako Ohkata…
Durée : 1h52
Année de production : 2011 (Japon)