En juillet dernier, le SMIC a bénéficié d'un coup de pouce passant de 1398 euros mensuel à 1425. Bien que le SMIC soit devenu un vrai tabou, il faut indiquer qu'il crée le chômage d'une façon automatique et expliquer pourquoi.
Par Michel de Poncins.
Il s'ajoute le petit coup de pouce donné au SMIC le premier juillet. Le mensuel brut qui était le premier janvier 2012 à 1398 euros est devenu ce premier juillet 1425 en incorporant ce coup de pouce.
Bien que le SMIC soit devenu un vrai tabou, il faut indiquer qu'il crée le chômage d'une façon automatique et expliquer pourquoi.
Les faits sont têtus
L’INSEE est un institut de statistiques nationalisé. C'est une erreur car les statistiques d'un organisme au service du pouvoir ne sont guère crédibles et peuvent être soupçonnées de manipulations. Des statistiques exclusivement privées seraient calculées par des firmes concurrentes et, de la sorte, tirées vers l'excellence. Dans le cas particulier, l'INSEE nous rend service en brisant un tabou. Lors d'une des perpétuelles hausses du chômage, elle a calculé qu'une augmentation de 10% du SMIC détruisait 290 000 emplois peu qualifiés : c'est en soi considérable, avec en plus l'insistance sur les emplois peu qualifiés.
Les pays qui ne connaissent pas de SMIC ou un SMIC très faible se signalent par un taux de chômage très faible. Ainsi en est-il de la Suisse. Elle n'a pas de SMIC et connaît régulièrement des pénuries de main d'oeuvre. L'Allemagne, également, est une référence avec, en plus, sa structure fédérale qui est une facilité dans ce domaine.
Les prétextes
Les prétextes inventés par les politiques pour justifier le SMIC avec d'éventuels coups de pouce sont nombreux. Comme l'enfer, ils sont pavés de bonnes intentions.
En premier lieu et selon eux, il faudrait appliquer la loi. Prétexte mensonger car ce qu’une loi a fait, une autre peut le défaire. Et aussi, bien sûr, on entend la sempiternelle chanson du pouvoir d’achat : distribuer de l’argent développerait la demande et créerait des emplois. L’argument est aussi mensonger, d’autant plus qu’avec la mondialisation, une grande partie du pouvoir d’achat distribué irait enrichir les travailleurs chinois ou autres travailleurs lointains.
En outre, s'ajoute l'idée que si le SMIC n'est pas régulièrement accru, il y aura des gens qui resteront sur le bord de la route. Cet argument fait bon marché de l'immensité des situations individuelles, ce qui est habituel dans les politiques socialistes où la vérité est noyée dans des moyennes de moyennes. Il y a le SMIC d'une épouse d'un mari cadre et vivant en province dans une maison familiale ; une autre personne faisant le même travail peut toucher le même SMIC à Paris. La dissemblance est si criante que les bureaucrates rêvent d'inventer plusieurs SMIC sans jamais trouver le bon système.
Les explications
Comme indiqué plus haut, le SMIC propage le chômage. Par voie de conséquence, il nuit à la croissance et empêche ceux qui s'imaginent en profiter de trouver des solutions. C'est un des principes du socialisme que toute mesure étatique se retourne contre ceux qu'elle prétend aider.
Les explications sont nombreuses.
Mettant le prix d’un travail au-dessus de la valeur de ce travail pour l’entreprise, il décourage de recruter. L’employeur éventuel cherche d’autres solutions, soit investissement, soit renonciation au projet, soit délocalisation. Bien entendu, ce sont principalement les moins qualifiés et les faibles qui souffrent de ce chômage induit et bien moins les cadres éventuellement supérieurs ; ces derniers en souffrent tout de même à cause de l'atonie des affaires. Il décourage en outre l'entrée sur le marché du travail, étant en concurrence avec le RSA ou d'autres régimes sociaux qui déclenchent des avantages annexes.
Le SMIC, en outre, encourage ouvertement la délocalisation des industries à bas salaires, ce qui crée le chômage d’une autre façon. Dans le textile, depuis 1970, il a augmenté en francs constants de 100% alors que les hausses normales auraient donné 35%. On connaît le sort du textile en France et les larmes publiques sur ces abominables chinois. Les « smicards » peuvent certes se réjouir momentanément des hausses, mais le jour où ils sont victimes d’un plan social, comme ces plans déferlent à présent, personne et surtout pas un politique ne leur dira que c’est justement le SMIC qui en est responsable.
Ensuite chaque augmentation suscite un nouvel écrasement de la hiérarchie. Les non-smicards sont progressivement rattrapés. Ceci détruit tout encouragement au progrès et explique en partie la progression de la paresse. Au début du SMIC, qui s’appelait d’ailleurs SMIG, il ne touchait que quelques milliers de personnes. Voici quelques chiffres :
- 1988 : 1 500 000 salariés payés au SMIC soit 8% des salariés.
- 2004 : 2 300 000 personnes après une progression de 15 % sur l’année.
Au sommet de la hiérarchie, les personnes les plus payées ont tendance à émigrer, ce qui est aussi un effet indirect, le SMIC jouant son rôle dans la panoplie des mesures destructrices de l’économie française. En fait on subventionne le travail de faible valeur et le tout tire les rémunérations vers le bas. Bien entendu, le pouvoir d’achat, objet légitime de beaucoup de gens, souffre gravement puisqu’il dépend de la création de richesse qui justement se trouve freinée. La faible progression des salaires dont on se plaint trouve une partie de ses causes dans le SMIC.
Mentionnons qu'il s'ajoute à d'autres causes pour favoriser la fuite des grandes fortunes qui préfèrent s'investir dans des pays plus prometteurs.
La démocratie en chute libre
Les diverses calamités précitées trouvent leur source dans la décadence de la démocratie pratiquée par ceux-là mêmes qui se présentent, non sans arrogance, comme démocrates. La campagne présidentielle fut un festival réciproque et complexe de promesses intenables énoncées avec de l'argent qui n'existe pas. Le gagnant a voulu tenir des promesses pour s'en glorifier.
Au lieu de cela, il devait laisser les promesses et calmement agir pour le bien commun des citoyens et faire sa mue en conséquence avec le courage de briser plusieurs tabous.
Il ne manque pas d'exemple à l'étranger d'un pouvoir issu des urnes et sachant faire le contraire de ce que l'on attendait.
Pour y parvenir il faut savoir se hisser au-dessus de soi-même.