Du rêve à la réalité !
Le premier volet de ce diptyque imaginé par Loo Hui Phang et dessiné par Michaël Sterckeman invitait à suivre le malaise d’un enfant aux origines eurasiennes, quotidiennement victime d’une différence que sa mère refusait d’expliquer. Se heurtant constamment au silence qui entourait ce lourd secret familial, il laissait libre cours à son imagination pour s’inventer des racines et pour trouver lui-même réponse à ses nombreuses interrogations. Cette conclusion va non seulement lever le voile sur la destinée du père de Louis, mais également dévoiler un pan douloureux de l’Histoire du Cambodge.
Indirectement touchée par la guerre civile déclenchée par les Khmers rouges fin des années soixante, Loo Hui Phang s’inspire donc de l’histoire de sa propre famille pour livrer un diptyque qui aborde cette page sombre de son pays. La quête familiale du petit Louis débouche donc inévitablement sur le régime dictatorial des Khmers Rouges et propose des passages aussi didactiques qu’intéressants.
L’album débute néanmoins dans le monde onirique que le petit Louis s’est inventé pour combler le vide laissé par le mystère qui entoure son père. Cette approche qui conduit le jeune garçon à partager ses angoisses et ses peines avec un canari mort peut s’avérer surprenante, mais permet à l’auteur de décrire la souffrance de l’enfant avec énormément de justesse. Au fil des explications, ce voile onirique s’estompe et laisse place à une réalité qui n’a rien de réjouissante, mais qui à le mérite de sortir l’enfant de son cauchemar, abandonnant son mal-être au profit d’une vérité apaisante.