Voici la vidéo d'une partie de l'émission Ce soir ou jamais (France 3) du 7 février 2012, où Frédéric Taddeï à demander aux géographes Sylvie Brunel et Michel Foucher ce qui se cache derrière les cartes géographiques (voir la présentation de l'émission sur le site de France 3). Ce que les projections (Peters, Mercator...) disent de notre façon de nous représenter mais aussi de penser le monde. La première vidéo revient tout d'abord sur l'exposition La France en relief (qui présentait au Grand Palais à Paris les "Chefs-d'oeuvre de la collection des plans-reliefs de Louis XIV à Napoléon III"), puis laisse place au débat entre les deux géographes. Dans la première partie, Michel Foucher revient sur les plans-reliefs, les cartes Cassini, le rôle des ingénieurs-géographes militaires, la question des places-frontières (qu'est-ce qu'une frontière ?), le rôle de Vauban géographe... Le temps de découvrir un extrait du film A la Maison-Blanche, revenant sur les déformations de la carte de Mercator. Et Sylvie Brunel explique combien "la représentation cartographique, c'est toujours un choix !"
Sylvie Brunel :
- "L'histoire de la cartographie est une histoire euro-centrée. Nous avons choisi les cartes qui nous arrangeaient" (voir à ce propos le blog Cartes et figures du monde consacré à l'histoire de la cartographie, aux cultures et savoirs géographiques).
- "La représentation cartographique, c'est toujours un choix !" (voir le billet du 13 septembre 2009 : "La carte-dsicours. Quelques éléments de réflexion").
- "La géographie, parce qu'elle permet de comprendre le rapport des hommes à leurs territoires, c'est ce qui permet de faire la paix."
Carte de Stuart Miller, 1983.
Michel Foucher :
- Commentaire de cartes, telles que les désormais célèbres cartes commentées de l'Australie "inversée" (voir, à ce propos, L'Atlas des Atlas, proposé par Le Courrier international, d'abord édité en hors-série en 2005, puis en ouvrage en 2008).
- "Le problème n'est pas que c'est faux, c'est vrai. La question c'est la question des représentations et des cartes mentales" (à ce propos, voir l'ouvrage de Michel Foucher La bataille des cartes. Analyse critique des visions du monde).
- La projection Mercator, "c'est la carte du département d'Etat (des Etats-Unis), du Pentagone, du Quai d'Orsay, mais aussi de Médecins sans frontières et de Google. C'est la carte de l'hémisphère nord. C'est une projection qui est avantageuse".
- "On ne peut pas représenter, sur un plan, une sphère. Donc vous avez des choix de déformations".
- A propos de la carte du monde vue par le Pentagone : "Là vous avez une carte qui découpe le Monde en théâtres. Le mot Moyen-Orient, c'est un théâtre militaire. Asie du Sud-Est, c'est 1943. Moyen-Orient, c'est Londres, 1939, au Caire. Central Europe / L'Europe centrale, c'est un théâtre de l'OTAN. Nos représentations du monde sont stratégiques, idéologiques, et maintenant les banques d'affaires." (à ce propos, voir l'ouvrage du géographe Christian Grataloup L'invention des continents, ainsi que son article sur "La fausse neutralité des continents", Revue internationale et stratégique, n°82, n°2011/2, pp. 97-105, dans le dossier "Les nouvelles orientations de la pensée stratégique").