Genre: drame
année: 1950
durée: 1h25
l'histoire: Au Japon, au Xème siècle, pendant une guerre civile, quatre versions très différentes d'un crime d'après autant de témoins y compris celui qui l'a perpétré et le fantôme du défunt, convoqué par un shaman.
La critique d'Alice In Oliver:
A la base, Rashomon, réalisé par Akira Kurosawa en 1950, est l'adaptation d'une nouvelle de Ryunosuke Akutagawa. Inutile ici de mentionner les acteurs, tous méconnus, à l'exception peut-être de Toshiro Mifune. Certes, aujourd'hui, Rashomon reste une petite rareté et hélas un film un peu oublié. Pourtant, le film remportera plusieurs prix, entre autres, le Lion d'Or à la Mostra de Venise en 1951 et l'Oscar du meilleur film étranger en 1952.
C'est aussi une oeuvre qui va avoir une grande influence.
Par exemple, L'Outrage, un western de 1964, reprend le même scénario. Ce quasi-remake remportera par ailleurs un grand succès.
Rashomon influencera également fortement le courant de la Nouvelle Vague cinématographique française dans les années 50 et 60.
C'est donc un film important et particulièrement ambitieux, notamment au niveau de son scénario.
Aussi, est-il nécessaire de dévoiler les grandes lignes de l'histoire. Attention, SPOILERS ! Un paysan vient s’abriter d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent déjà deux hommes, un bûcheron et un prêtre.
Le bûcheron semble ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Tandis que le paysan fait du feu, le bûcheron commence à raconter l’étrange mystère…
Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée. Lors du procès quatre témoins et/ou intervenants du drame (le bûcheron, le prêtre, l’accusé et la femme violée), ainsi que l’esprit du guerrier (à travers un médium), vont donner leur version des faits qui toutes seront contradictoires.
Certes, présenté comme cela, le scénario paraît plutôt simpliste. En un sens, il l'est. Mais encore une fois, c'est le traitement opéré par Akira Kurosawa qui fait la différence.
Ce n'est pas un hasard si Rashomon a bouleversé en grande partie l'histoire du septième art. Akira Kurosawa développe une réflexion sur la vérité à travers différents témoignages et points de vue. Chaque témoignage est influencé par sa propre réalité.
Donc, chaque témoin possède sa propre vérité. Finalement, la vérité est emprunte de subjectivité. En résumé, la frontière entre la réalité et la subjectivité est plutôt mince.
Tel est le message de Rashomon. Pour prouver sa thèse, Akira Kurosawa nous présente la version des faits racontée par chaque intervenant.
Qui dit la vérité ? Personne et tout le monde. A partir de là, le cinéaste joue sur les décors, les effets d'ombres, de contraste et de lumière, comme si la nature venait elle aussi jouer un rôle dans la réalité des faits. D'une certaine façon, Rashomon est un film quasi mystique.
Il suffit de prendre le témoignage du médium pour s'en convaincre. Akira Kurasawa s'en amuse et multiplie les symboles. C'est vraiment un très grand film, qui plus est, réalisé avec très peu de moyens.
Avec Rashomon, Akira Kurosawa livre une réflexion passionnante sur la relativité des faits et notre incapacité à la reconnaître, l'homme étant plus que jamais obsédé par la vérité.
Note: 17/20
Rashomon (1950) trailer Akira Kurosawa